Joseph Bangakya : « <em> Ma démission n’est pas une lâcheté </em> »

Joseph Bangakya, ancien vice-gouverneur de la Province Orientale

Joseph Bangakya, ancien vice-gouverneur de la Province Orientale

Joseph Bangakya, vice-gouverneur de la Province Orientale, a démissionné de son poste jeudi soir. Dans une interview accordée à radiookapi.net ce vendredi, Joseph Bangakya affirme avoir démissionné pour des raisons d’éthique, afin de ne pas souiller son honneur, déclare-t-il. Le vice-gouverneur démissionne alors que le vote d’une motion de défiance l’attendait ce vendredi à l’assemblée provinciale.

« Ma démission n’est pas une lâcheté, ce n’est pas que je suis fatigué mais c’est que l’éthique qui est la mienne ainsi que mes convictions personnelles ne me permettent plus de continuer sereinement à exercer mes activités et j’en ai eu la preuve flagrante lors du débat sur l’acquisition des engins de génie civil. J’avais mené une mission de la Province Orientale à Dubaï pour ce faire et j’ai été fortement surpris par le débat surréaliste qu’il y a eu autour de cette acquisition. Le débat en fait a été proposé portant sur l’acquisition mais en fait on était dans d’autres considérations qui relevaient plus des relations humaines et je n’ai pas senti une volonté de traiter de l’affaire publique en question. Toutes les preuves ont été présentées. Il fallait que l’on produise des contres preuves et donc, pour permettre à la sérénité de rentrer dans nos cœurs je préfère humblement remettre le tablier », a déclaré Joseph Bangakya à radiookapi.net

La motion de défiance contre Joseph Bangakya était consécutive à sa réplique au terme de l’interpellation du député provincial, Ismaël Ebunze. Ce dernier lui reprochait d’avoir détourné des deniers publics dans une affaire d’achat d’engins de génie civil au profit du gouvernement provincial. L’initiateur de la motion reprochait au vice-gouverneur Bangakya plusieurs faits liés à l’achat de ces engins. D’après ce député, ces engins ont été achetés à un prix exorbitant, sans appel d’offres et n’ont jamais été utilisés à cause de nombreuses pannes. Ces engins de seconde main sont constitués de 4 chargeurs acquis à 55.500$ US l’unité, 2 bennes acquises à 15.000$ US l’unité et 2 bennes basculantes acquises à 13.000$ US l’unité, selon la motion du député Ismaël Ebunze.
Dans sa réplique aux députés provinciaux, Joseph Bangakya avait affirmé ne pas être expert en génie civil. Toutefois, il a recouru à l’expertise du directeur provincial de l’Office des routes, a-t-il précisé aux députés provinciaux. Ce cadre de l’Office des routes était parmi les membres de la délégation partie acheter ses engins à Dubai, aux Emirats arabes unis.
La démission de Joseph Bangakya intervient moins d’une semaine après le remaniement du gouvernement de la Province Orientale. S’exprimant au nom du gouverneur Autsai, le vice-gouverneur avait justifié ce remaniement par le souci de relever les nombreux défis de la province et de répondre aux multiples attentes de la population.

Départs de vice-gouverneurs : effet tâche d’huile ?

La démission de Joseph Bangakya signe le deuxième départ d’un vice-gouverneur en l’espace d’une semaine. Le dernier en date est celui du vice-gouverneur de la province du Maniema, Pierre Masudi Mendes. Il a été éjecté de son poste le jeudi 15 octobre dernier à l’issue d’un vote de motion de défiance. Dieudonné Mbukani Katebwa, initiateur de la motion, reprochait à Pierre Masudi Mendes plusieurs faits dont la mauvaise gestion, faux et usage de faux et la violation des certaines consignes du parlement provincial. Sur les 24 députés que compte le parlement provincial de Maniema, 14 avaient voté pour sa déchéance, 9 contre et un bulletin était nul. Des incidents déplorables avaient succédé à l’annonce de la déchéance de Pierre Masudi Mendes. Ses partisans avaient organisé une manifestation de protestation dans la commune de Mikelenge, son fief électoral. Bilan de ces échauffourées : trois personnes blessées dont le vice-président de l’assemblée provinciale, l’honorable Nyangi Lelo, et un agent de l’assemblée provinciale.
En réalité, c’est Célestin Cibalonza, alors gouverneur de la province du Sud Kivu, qui avait ouvert le bal des motions de défiance. Tout a commencé le 12 décembre 2007, lorsque les députés provinciaux ont voté une motion de défiance contre lui. Dans cette motion, il lui était reproché, entre autres, la mauvaise gestion et la gabegie financière, l’incapacité de gouverner la province comme il se doit, la détérioration de la situation sociale, le retard dans le début de la réalisation des activités planifiées, dans le cadre des cinq chantiers du président de la République.
Le gouverneur Célestin Cibalonza avait vite saisi la Cour suprême de justice. Cette dernière prononça l’arrêt en sa faveur, le 26 décembre 2007. Dans son arrêt, la cour donnait tord à l’assemblée provinciale pour n’avoir pas suivi la procédure normale dans cette motion qu’elle qualifiait d’illégale. Bien que rétabli dans ses fonctions après le verdict de la haute cour, Célestin Cibalonza n’était jamais revenu les occuper à Bukavu. Il avait donc démissionné pour des raisons tout à fait personnelles.