Lac Edouard : la pêche illicite à la base de la baisse de production des poissons

Après la pèche, on trie le poisson...

Après la pèche, on trie le poisson...

La production de la pêche a sensiblement diminué sur le lac Edouard, vers Vitshumbi, à plus de 100 kilomètres au nord-est de Goma, dans le territoire de Rutshuru. Cette production s’élevait à 2 ou 3 tonnes par semaine entre janvier et début juin de cette année. Actuellement, elle n’est que de 10 poissons en moyenne par pirogue, par jour, rapporte radiookapi.net

Cette baisse de la production affecte l’alimentation de plus de 20 mille habitants de Vitshumbi. La pêche illicite qui a redoublé sur le lac Edouard, depuis la suspension des patrouilles mixtes instaurées en mi-juin par les autorités provinciales serait à la base de cette contreperformance. D’après l’administrateur de territoire assistant de Vitshumbi, Patrick Muhindo Nyaroba, toutes les zones de reproduction de poisson sont actuellement occupées par des hommes en armes qui soutiennent directement les pêcheurs clandestins.
« Il y a recrudescence de la pêche illicite. Les pêcheurs clandestins et ceux qui les soutiennent : les militaires de la Force terrestre, tout comme ceux de la Force navale ont redoublé la pêche illégale de telle sorte que, mêmes les endroits qui étaient fortement protégés sont aujourd’hui attaqués. Donc, toutes les zones protégées du lac sont en destruction totale », a-t-il déclaré à radiookapi.netrnD’après lui, seuls les pêcheurs les plus chanceux parviennent à attraper 10 poissons par jour. Et même dans ce cas, ces 10 poissons doivent être partagés entre 6 pêcheurs et un armateur, a-t-il poursuivi.
« Tant qu’il y aura des armes en circulation dans les zones protégées, il sera difficile de protéger ces zones là. La démilitarisation des zones protégées pourra être une des solutions », a-t-il conclu.
Joint mardi par radiookapi.net, le commandant de la Force navale, le colonel Ruvunangiza a rejeté en bloc les accusations sur l’implication de ses hommes dans les activités de la pêche illicite. Il a plutôt pointé du doigt les éléments Mai-Mai incontrôlés qui occupent encore certains villages autour du lac Edouard. Toutefois, le colonel Ruvunangiza a promis d’effectuer une descente sur le terrain pour s’enquérir personnellement de la situation.

RDC : les poissons meurent de vieillesse

Les cours d’eau de la RDC regorgent des nombreuses espèces de poisson. Une anecdote populaire raconte que dans le lac Tanganyika, les poissons meurent de vieillesse. Mais de l’avis de nombreux observateurs, comme beaucoup d’autres secteurs économiques, la pêche n’est ni développée ni réglementée en RDC. La pêcherie industrielle de Moanda, dans le Bas-Congo, a rendu l’âme depuis de nombreuses années. C’est à peine si les Congolais s’en souviennent encore.
Partout en RDC, les activités de pêche ne sont qu’artisanales. Par exemple, la pêche en haute mer, aux larges de l’océan Atlantique, n’existe plus. Dans les zones où l’exploitation est artisanale, beaucoup de dérapages sont rapportés. Parmi ces dérapages, on cite la pêche aux filets des petites mailles. Avec ces filets, les menus fretins sont capturés, empêchant ainsi l’évolution normale et la reproduction des poissons. Conscients de ce danger, les autorités administratives du district de l’Ituri, en Province Orientale, avaient pourchassé tous les pêcheurs utilisant les filets des petites mailles dans le lac Albert. C’était en décembre 2008. Une quarantaine de filets avait été saisis auprès des pêcheurs au bord du lac Albert, à Tchomia, à environ 60 kilomètres au sud de Bunia.