Goma : le CNDP négocie sa participation au gouvernement

Le bureau de la facilitation avec derrière les délégués du Gouvernement et du CNDP

Le bureau de la facilitation avec derrière les délégués du Gouvernement et du CNDP

Des problèmes persistent entre le gouvernement et l’ex mouvement rebelle CNDP, en ce qui concerne notamment la participation du CNDP dans la vie politique nationale. C’est ce qui justifie la négociation d’un calendrier de mise en œuvre des accords signés en son temps par les deux parties. Ce calendrier était au centre d’une rencontre du comité national de suivi CNDP-gouvernement, en présence des représentants de la facilitation internationale, précise radiookapi.net

Selon l’abbé Jean-Bosco Bahala, rapporteur général de ce comité, ce calendrier reprend notamment la prise en charge des blessés de guerre du CNDP et l’intégration des éléments réfractaires des groupes armés qui restent encore dans la brousse, la normalisation des grades des militaires intégrés ainsi que l’intégration des cadres politiques.

Toutefois, l’abbé Jean-Bosco Bahala n’a pas voulu révéler tout son contenu avant que le document ne soit soumis à l’approbation du chef de l’Etat.
« Certaines choses qui étaient en litige devraient être réglées d’une façon réaliste. Le chef de l’Etat avait demandé de faire un calendrier avec jour J+1, jour J+10 avec tous les points qui restaient. Il restait par exemple le point de la participation du CNDP à la vie nationale. Et on a mis une date, nous avons fait un calendrier très réaliste. Par exemple d’ici le 15 janvier 2010, il n’y aura plus d’administration parallèle, il n’y aura plus de barrières »rnConcernant le problème de budget, le prêtre catholique a indiqué qu’il faut des moyens pour faire certaines choses. Le PNUD, avec la Monuc, ont accepté de disponibiliser les moyens pour un projet qui a été fait et le gouvernement a déjà donné sa quote-part. « Dès aujourd’hui, le mécanisme est mis en route pour que les blessés de guerre qui ont été même identifiés puissent avoir les soins requis », a conclu l’abbé Bahala.

Après le CNDP, les autres ex-groupes armés ?

Selon l’abbé Jean-Bosco Bahala, la question de la participation du CNDP à la vie nationale devra être réglée selon un calendrier réaliste à adopter à Goma dans le cadre des négociations gouvernement-ex mouvement rebelle. Tout compte fait, les portillons du gouvernement central semblent ouverts aux responsables politiques du CNDP. Cela ne pourra être possible qu’à la faveur d’un réaménagement technique de l’Exécutif national, pour ne pas parler de remaniement. Il faut constater que la très probable entrée du CNDP au gouvernement risque de réveiller les vieux démons des autres ex-groupes armés qui ont malheureusement écumé les deux provinces du Nord et Sud Kivu. Ces derniers risquent de revendiquer à leur tour, une place au soleil, disons leur part du gâteau, et c’est légitime, au sein du gouvernement.

Les accords de paix signés entre le gouvernement et les groupes armés au soir d’un certain lundi 23 mars 2009 à Goma, en présence de Olengun Obasanjo, ancien président nigérian et Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies dans la crise du Kivu, prévoyaient, entre autres, la fin des hostilités, le transformation des groupes armés en partis politiques, le retour des déplacés et des réfugiés chez eux et, sans être explicite, l’intégration des cadres de tous les groupes armés dans la vie politique nationale.

En vertu de ces accords, le CNDP s’est mué en parti politique, et ses cadres tout comme éléments armés ont réintégré l’armée nationale. Et très vite, la Coalition des patriotes résistants congolais, Pareco, et l’ex-groupe Mai-Mai Rwenzori emboîtaient les pas au CNDP, en se muant, eux aussi, en partis politiques. Dès lors, plus rien ne pouvait arrêter le processus.

Mais il fallait compter avec une dose de bonne foi des ex-groupes armés qui, et tout état de cause, n’avaient pas manifesté d’empressement. L’enthousiasme du début avait cédé le pas aux hésitations des uns et des autres. Si certains ex-groupes armés avaient, sans concession, envoyé leurs troupes pour l’intégration, les autres avaient manifesté une espèce de méfiance vis-à-vis du gouvernement, accusant ce dernier de ne pas toujours tenir ses engagements.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les litiges que brandit aujourd’hui le CNDP. La récente visite du président Joseph Kabila à Goma la semaine dernière était une belle aubaine pour ces ex-groupes armés. Ils ont saisi la balle au bond pour rencontrer le président de la République. C’est ainsi que le CNDP, prouvant sa bonne foi à qui veut l’entendre, s’est engagé à lever toutes les barrières et à mettre fin à l’administration parallèle qu’il a maintenues dans le Masisi et à Rutshuru, malgré les accords signés avec le gouvernement. Au retour, l’ex mouvement rebelle attend son entrée au gouvernement par la grande porte, suivant un calendrier en gestation à Goma. Puisqu’il n’y a pas un sans deux, les autres groupes armés ne vont pas être en reste. Ils pourront, eux aussi, brandir le droit à un, deux, voire trois postes ministériels. La grande question est de savoir comment le gouvernement qui semble déjà avoir ouvert une belle brèche au CNDP, va gérer les ambitions des uns et des autres.