Lubumbashi : incidents à l’assemblée provinciale, l’Unafec plaide non coupable, le siège toujours fermé

Quelques éléments de la police déployés vendredi devant le bâtiment du 30 juin, siège de l'assemblée provinciale du Katanga

Quelques éléments de la police déployés vendredi devant le bâtiment du 30 juin, siège de l'assemblée provinciale du Katanga

Un jour après les incidents à l’assemblée provinciale du Katanga, l’accès est interdit au bâtiment du 30 Juin, siège de l’institution, et ses abords. Entre-temps, l’un des députés victimes, menace de porter plainte contre ses bourreaux, identifiables, d’après lui, tandis que pour sa part, l’Unafec, le parti de Gabriel Kyungu soupçonné dans cette affaire, plaide non coupable, rapporte radiookapi.net

Dans un communiqué rendu public jeudi, le jour même des incidents, l’Union des nationalistes fédéralistes du Congo (Unafec) aile Kyungu, souligne qu’elle n’est pas impliquée dans les incidents. Réagissant aux accusations de certaines victimes du passage à tabac par un groupe de jeunes qui assistaient à la séance plénière de l’assemblée provinciale. L’Unafec est allée plus loin : elle se réserve le droit de traduire en justice ceux qui s’attaqueraient à son président ou l’accuseraient d’être le commanditaire des incidents de jeudi 28 janvier. Pendant ce temps, l’un des députés tabassés, Monga Tutu, se prépare à porter plainte contre ses agresseurs dont il dit connaître l’identité.

Le bâtiment quadrillé

Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité se trouve depuis jeudi soir à Lubumbashi. A son arrivée, il a annoncé la décision du gouvernement central de fermer momentanément le siège de l’assemblée provinciale jusqu’à l’aboutissement d’une enquête judiciaire sur les incidents survenus jeudi matin à l’hémicycle provincial. En application de cette mesure, ce vendredi matin, les abords du bâtiment du 30 Juin qui abrite l’assemblée provinciale, ainsi que ses abords, ont été quadrillés par des éléments de la police nationale congolaise. Ces derniers empêchent tout accès dans le périmètre de cette institution.

« Mettre fin au laissez aller »

Et la fermeture du siège de l’assemblée provinciale du Katanga préjudicie également les requérants du passeport biométrique. C’est là que se trouve le centre de capture.

L’onde de choc des incidents de Lubumbashi a été ressenti à Kinshasa, non seulement par le gouvernement central, mais aussi parmi les députés nationaux élus du Katanga. L’un d’eux, Jean de la croix Mwenze, élu de Kamina, appelle les autorités centrales à mettre fin au « laissez aller » dans sa province. Il l’a dit ce vendredi au cours d’une conférence de presse. Trop, c’est trop, le Katanga se comporte comme un Etat à part, a-t-il laissé entendre. Il explique : « Tout tourne autour de la gestion. La province du Katanga est très mal gérée. Les grosses légumes qui ont le pouvoir détournent les fonds, or, ces fonds devraient aider la province à décoller. Maintenant, les députés provinciaux saisis de ces détournements ont initié des motions. La première motion, c’était contre le ministre des infrastructures, la deuxième contre le ministre des finances, et la troisième, contre le questeur du bureau de l’assemblée provinciale. Les députés provinciaux voulaient voir clair en ce qui concerne la gestion des fonds dans la province. Pouvez-vous accepter qu’une province comme celle du Katanga qui a des moyens et qui génère plus des recettes, soit dirigée sur base des dons ? »

Pour le député national Jean de la croix Mwenze, ces détournements ne peuvent avoir lieu qu’avec la complicité entre l’exécutif provincial et le bureau de l’assemblée provinciale. Et la voix des députés provinciaux du Katanga qui peuvent dénoncer ce mal est etouffée.

Gabriel Kyungu réplique

Nous sommes à l’époque de la tolérance zéro, il doit dire, tel député a été corrompu tel jour, à telle heure, et avec tel montant. Et on ne peut pas faire des déclarations à la volée comme ça, en l’air. Comme il est l’élu de Kamina, il doit avoir des preuves, parce que les autres peuvent en dire autant pour lui et pour les autres », a répliqué d’emblée, à partir de Lubumbashi, le président de l’assemblée provinciale du Katanga, en réaction aux propos du député national Mwenze, tenus à Kinshasa. La province du Katanga est-elle gérée plus des dons par les autorités provinciales ? A cette autre allégation du député Mwenze, la réponse de Kyungu wa Kumwanza a été la suivante : « Ecoutez, qu’est-ce qui se passe en Haïti maintenant ? On fait quoi ? Je ne sais pas si les dons sont condamnés quelque part, et dans quel texte ? Je ne sais pas. »

Est-ce que l’assemblée provinciale du Katanga fait vraiment son travail de contrôle de gestion du gouvernement Katumbi ? L’ancien gouverneur de la province sous Mobutu répond par l’affirmative : « Qu’est-ce qui empêche ! A chaque session, nous avons une commission qui contrôle la gestion de l’exécutif provincial dirigé par Katumbi. »

Concernant la fermeture du siège de l’assemblée provinciale, il faut noter que c’est pour la deuxième fois, sous cette législature, que le gouvernement cenral recourt à cette mesure à la suite d’un climat de trouble créé à partir d’un hémicycle provincial. La première fois, c’était en octobre dernier avec l’assemblée provinciale de l’Equateur.