110 000 réfugiés de la RDC au Congo Brazzaville : Sassou s’indigne, Kinshasa s’explique

Joseph Kabila et Denis Sassou Nguesso (archives)

Joseph Kabila et Denis Sassou Nguesso (archives)

Dans un entretien accordé à l’AFP et RFI, en marge du 14e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, a déploré la situation de cent dix mille ressortissants de la République Démocratique du Congo (RDC), réfugiés dans le nord du Congo Brazzaville. Il souhaite le retour urgent de ces réfugiés dans leur pays, rapporte radiookapi.net

Il y a une situation difficile dans la province de l’Equateur en RDC, et on a vu des populations traverser l’Oubangui pour trouver asile dans la préfecture de la Likouala“, s’est indigné le président Sassou qui évalue à 110 000 le nombre de toutes les personnes ayant fui les troubles dans la province congolaise (RDC) de l’Equateur. Pour le président de la République du Congo, la situation appelle beaucoup de vigilance et aussi beaucoup de sérieux. Sa peur, c’est de voir ces réfugiés et les autochtones vivre dans une situation indésirable en ce qui concerne leur santé, leur alimentation et même leur sécurité. Cela ne devrait perdurer, a souligné Denis Sassou Nguesso qui tient, à tout prix, à rapatrier ces réfugiés congolais (RDC) dans leur pays, mais dans les conditions les plus humaines possibles. La plupart de ces réfugiés placés le long du fleuve Oubangui ne sont accessibles que par voie fluviale.

Mende s’explique

La préoccupation de Brazzaville a vite appelé la réaction de Kinshasa. Le gouvernement de la RDC, par la bouche de son porte-parole, le ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende, a dit comprendre le souci exprimé par le chef de l’Etat du Congo Brazzaville qui a « évoqué le nombre massif de nos concitoyens qui sont là bas et qui représentent un nombre plus élevé que les autochtones.» Mais, a ajouté Lambert Mende, les raisons du gouvernement de la RDC sont autres. « Nous avons déjà sécurisé les zones d’où sont partis ces concitoyens, et nous avons besoin simplement qu’ils rentrent chez eux, pour pouvoir mieux les aider à se reconstruire dans leur milieux d’origine », a expliqué le ministre Mende. « Une aide qu’on reçoit et qui ne vous permet pas de vous reconstruire, pour nous, c’est quelque part moins intéressant qu’une aide à la reconstruction. Comme pays, nous préférons que Dongo, que tout cet espace là soit reconstruit par ses habitants », a-t-il conclu.

Lambert Mende a par ailleurs confirmé que 30% des habitants seulement des populations qui avaient fui les troubles de Dongo sont rentrés dans leurs milieux de provenance. Ce qui est insignifiant, a-t-il relevé.

Les interventions de la France et des Etats-Unis

A propos de l’assistance apportée aux réfugiés de la RDC au Congo Brazzaville, la France avait annoncé, le 9 janvier dernier, l’octroi d’une aide financière de 200.000 euros au Programme alimentaire mondial (PAM) pour la distribution de l’aide alimentaire d’urgence à ces populations. Une autre subvention qui s’élèverait également à 200.000 euros a été accordée aussi à l’association Acted (Agence de coopération technique et de développement) pour distribuer notamment des moustiquaires aux réfugiés. Les Etats-Unis, qui ne sont pas restés insensibles à cette situation, ont également décidé d’apporter une aide de 4,6 millions de dollars pour pallier différentes insuffisances d’ordre humanitaire.

Ocha fait une mise au point

Pour sa part, le Bureau des Nations unies chargé de la coordination de l’aide humanitaire (Ocha) s’attèle à améliorer les conditions humanitaires en faveur des retournés de l’Equateur. Son porte-parole l’a affirmé mercredi lors de la conférence de presse hebdomadaire de la Monuc à Kinshasa. Cependant concernant le retour de ces populations, Maurizio Giulani a précisé que le rôle de Ocha ne consiste pas à sensibiliser les gens à rentrer dans les milieux, mais à rendre acceptables leurs conditions humanitaires lorsqu’elles leur retour est effectif. C’est aux concernés eux-mêmes d’apprécier la situation, et de décider, oui ou non de rentrer au bercail, a expliqué le porte-parole de Ocha en RDC.