Droits de l’Homme: les FARDC et les Nations Unies ont failli dans la protection des civils lors des opérations militaires, conclut Philip Alston

Déploiement des troupes FARDC soutenues par la Monuc

Déploiement des troupes FARDC soutenues par la Monuc

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, le professeur Philip Alston a présenté, jeudi soir à Kinshasa devant la presse, le rapport de sa mission de 11 jours en RDC : les soldats congolais ont battu à mort au moins 50 réfugiés hutu rwandais, près de 40 femmes ont été enlevées dans le camp de ces réfugiés, lors d’une attaque menée en avril 2009, indique ce rapport parvenu à radiookapi.net

Au terme d’une mission d’enquête, effectuée du 05 au 15 octobre, Philip Alston fait état des tueries qui ont été commises à la fois dans le Nord-Kivu où se déroulent les opérations militaires contre les rebelles Hutus rwandais des FDLR et en province orientale où s’effectue la traque des rebelles ougandais de la LRA.

Depuis septembre 2008, mentionne le rapport, plus de 1 200 civils ont été brutalement abattus par les LRA en guise de représailles à la suite des opérations des FARDC et de la Monuc. Pour Philip Alston, le gouvernement congolais, comme les Nations Unies, ont failli dans leur responsabilité d’accorder la priorité à la protection de civils lors de la planification de l’opération.

S’agissant des prisons, le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires affirme que le nombre des prisonniers n’est pas connu et que le système carcéral est un dépotoir où l’on entasse des ennemis de l’Etat. La violence sexuelle à grande échelle continue de sévir, ajoute – t- il.

Alston fait savoir également que l’impunité est si répandue en RDC que même Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) occupe un poste de commandement supérieur au sien des opérations militaires actuelles. «On ne peut pas mettre la paix avant la justice. On doit avancer avec ces deux choses ensemble », a déclaré Philippe Alston.

Le gouvernement annonce une enquête

De son coté, le ministère des Droits humains, Upio Kakura, a qualifié ce rapport de préliminaire. Il fera, selon lui, l’objet d’une réaction officielle du gouvernement en temps opportun.

«En ce qui concerne les allégations de violations droits de l’Homme ou de massacres qui seraient imputés aux forces régulières, j’aimerais indiquer – qu’au vu du rapport que j’ai devant moi et sur lequel j’ai discuté avec le rapporteur – il s’agit des informations qui ne sont pas encore vérifiées. Et le second élément, c’est que, lors qu’il y a de telles allégations, il est requis que des enquêtes sérieuses soient menées. », a déclaré le ministre des Droits humains.

Cependant, le ministre Upio a indiqué que si les allégations de massacres imputés aux éléments de l’armée nationale s’avéraient vraies, des mesures visant des poursuites des auteurs seront prises.