Troubles à Brazzaville: 17 morts, selon le gouvernement

Le ministre congolais de la Communication et de Médias, porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla, à Brazzaville le 25 septembre 2015. Photo Radio Okapi/Mimi Engumba

Le gouvernement congolais a affirmé mardi 5 avril dans la soirée que les violences ayant poussé la veille des milliers d'habitants à fuir les quartiers sud de Brazzaville avaient fait 17 morts et a accusé un ancien chef de milice, Frédéric Bintsamou, d'être personnellement impliqué dans ces troubles.

Allié politique de cet ancien rebelle, Guy-Brice Parfait Kolélas, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars contre le président Denis Sassou Nguesso, a déclaré à l'AFP qu'il ne se satisfaisait pas de ces explications et réclamé une enquête indépendante.

Selon Thierry Moungalla, porte-parole du gouvernement congolais, 17 personnes (3 agents des forces de l'ordre, 2 civils et 12 assaillants) ont été tuées lundi dans « l'attaque terroriste » ayant visé les quartiers sud de la capitale avant l’« intervention rapide » des forces de l'ordre.

M. Moungalla avait accusé lundi des ex-miliciens Ninjas Nsiloulou d'être à l'origine des tirs d'armes automatiques et détonations ayant réveillé les riverains de cette zone dans la nuit de dimanche à lundi.

Il a renforcé ces accusations en affirmant que le gouvernement disposait de « preuves accablantes » de « l’implication active de [Frédéric] Bintsamou ».

La milice Ninja Nsiloulou, aujourd'hui dissoute, a combattu le pouvoir de M. Sassou Nguesso pendant la guerre civile dite du Pool (1998-2003). Son chef, M. Bintsamou, alias le pasteur Ntoumi, a fini par se rallier à M. Sassou Nguesso avant de rejoindre récemment l'équipe de campagne de M. Kolélas.

De par l'accord qu'il avait signé avec les autorités lors de son ralliement, M. Bintsamou dispose d'une garde rapprochée, équipée d'armes automatiques et de mitrailleuses lourdes, et constituée pour bonne part d'ancien Ninjas.

Au Congo, le nom des Ninjas évoque aussi celui des milices de Bernard Kolélas, le père de M. Kolélas, qui ont combattu les Cobras de M. Sassou Nguesso pendant la guerre civile de 1997.

Face aux accusations du gouvernement, M. Kolélas fils - ancien ministre de M. Sassou Nguesso - a déclaré mercredi vouloir « qu'une enquête soit menée en toute impartialité » sur les troubles survenus lundi dans des quartiers ayant voté massivement pour lui le 20 mars.

« Mascarade »

Jugeant que le gouvernement allait « vite en besogne pour désigner les coupables », il a qualifié de « mascarade » la version officielle présentant les événements de lundi comme une attaque concertée contre plusieurs bâtiments officiels.

« Ma crainte c'est qu'on retombe dans ce que le Congo a connu de pire : les faux coups d’État ». « J'attends qu'on m'apporte la preuve [...] de ce qui s'est passé », a-t-il encore dit, jugeant « bizarre » la coïncidence entre ces attaques présumées et « la proclamation des résultats définitifs » de la présidentielle par la Cour constitutionnelle lundi soir.

Celle-ci a confirmé la victoire de M. Sassou Nguesso - qui dirige le Congo depuis plus de 32 ans - dès le premier tour avec plus de 60%.

(Avec AFP)

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