CPI: les avocats de Bemba tentent d'obtenir la peine la plus basse possible

L'ancien vice-président de la RDC, Jean-Pierre Bemba, à la CPI. (Photo CPI)

Les avocats de Jean-Pierre Bemba ont mis en avant lundi 16 mai à La Haye les circonstances atténuantes de leur client, jugé coupable des crimes commis par sa milice en Centrafrique, afin de convaincre la CPI de lui infliger la peine la plus basse possible.

Au terme d'un long procès ouvert en novembre 2010, les trois juges de la Cour pénale internationale (CPI) avaient reconnu le 21 mars dernier l'ancien chef rebelle du nord de la République démocratique du Congo (RDC) coupable de cinq charges de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en 2002 et 2003 en Centrafrique, en vertu du principe de la « responsabilité du commandant ».

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Mais le quantum de la peine de M. Bemba, 53 ans, vice-président congolais de 2003 à 2006, restait encore à fixer après de nouveaux débats.

Ils se sont ouverts ce lundi et doivent s'achever mercredi. Durant ces trois jours d'audience, les juges entendront de nouveaux témoignages, les réquisitions du ministère public, ainsi que les plaidoiries de la défense.

Témoin cité par la défense, l'évêque catholique Fridolin Ambogo a cherché à démontrer lundi que Jean-Pierre Bemba et sa milice - le Mouvement de libération congolais (MLC) - avaient joué un rôle dans l'établissement « de la paix et de la stabilité » dans la province de l'Equateur, au nord-ouest de la RDC.

Tout en affirmant ne pas avoir eu connaissance de ce qui se passait en Centrafrique, l'évêque Ambogo a déclaré que les forces du MLC avaient « enfin permis à la population de se sentir libre, parce que le MLC est venu reconstruire tout ce qui avait été détruit ».

Selon l'ecclésiastique, il est difficile de comprendre comment Jean-Pierre Bemba, qui a aidé sa province « pendant une période très troublée », a pu se « transformer en monstre » de l'autre côté de la frontière.

Deux victimes doivent également témoigner cette semaine, tandis que l'accusation fera citer un expert pour établir « les conséquences intergénérationnelles » de ces viols et violences sexuelles.

Jean-Pierre Bemba encourt jusqu'à 30 ans de prison, voire la perpétuité si les juges estiment que l'"extrême gravité du crime" le justifie. Il a déjà passé huit années en détention.

Quelque 1 500 hommes du MLC, rébellion dirigée alors par Jean-Pierre Bemba, s'étaient rendus en Centrafrique en octobre 2002 pour soutenir le président Ange-Félix Patassé, victime d'une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé. Ces hommes ont été accusés d’avoir tué, pillé et violé.

Lors du procès, sa défense avait argué qu'il n'y avait « aucune preuve d'un ordre venant de M. Bemba vers ses troupes en Centrafrique » mais les juges ont estimé que par téléphone, radios ou téléphone satellite, Jean-Pierre Bemba, alors en brousse dans le nord-ouest de la RDC, était en « contact constant » avec ses soldats.

Le jugement rendu en mars est le premier à condamner un commandant militaire - même s'il n'a pas commis lui-même les crimes reprochés - et le premier de la CPI à condamner l'utilisation de viols et violences sexuelles en tant que crimes de guerre.

(AFP)

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