Dialogue: «Le chef de l’Etat a satisfait à toutes» les exigences de l’opposition

Une vue du bâtiment abritant la salle d'audience ce 23/06/2011 à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Le gouvernement congolais a annoncé, vendredi 19 août, la libération de vingt-quatre prisonniers politiques et la réouverture de deux chaines de télévision de l’opposition. La Majorité présidentielle (MP) pense que le chef de l’Etat vient là de balayer un à un les préalables posés par une frange de l’opposition pour participer au dialogue politique. Alors que l’opposant Joseph Olenghankoy crie à la «tricherie» du Gouvernement.

Le secrétaire général-adjoint de la MP, Joseph Kokonyangi, est d’avis que l'opposition n’a plus de prétextes pour barrer la voie du dialogue:

«Nos compatriotes de l’opposition, s’ils sont de bonne foi, il n’y a plus d’alibi car le chef de l’Etat a satisfait à toutes les leurs demandes. Je crois que tout a été fixé».

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Il a rappelé que la première demande de l’opposition concernait la tenue du dialogue. Ce que le président de la République avait fait dans son ordonnance promulguée en novembre 2015.

« La deuxième demande de l’opposition était que ce dialogue soit accompagné d’une facilitation internationale. Le chef de l’Etat a répondu à sa demande. La troisième demande était qu’un panel [soit constitué autour de la facilitation]. Vous avez vu le panel séjourner pendant quatre jours ici à Kinshasa. La quatrième était de libérer les prisonniers politiques et les médias fermés», a poursuivi M. Kokonyangi.  

Olenghankoy récuse

De son côté, le président des Forces novatrices pour l’unité et la solidarité (FONUS), parti membre du Rassemblement de l’opposition, Joseph Olenghankoy, qualifie cette mesure du Gouvernement de «tricherie ». Il a indiqué que dans la liste de 24 personnes, publiée par le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, il y avait des noms des personnes déjà libérées depuis longtemps:

«Les militants des FONUS ont été libérés depuis plus de trois mois. Dans la liste-là, il n’y a que quatre personnes libérées effectivement. Tout le reste, c’est du mensonge. La liste qui a été transmise par l’opposition est de 116 personnes. C’est vraiment de la fiction et bien dommage pour l’avenir de notre pays. Cette liste [publiée par Thambwe Mwamba] n’est pas correcte».

Pour Joseph Olenghankoy, le Gouvernement n’a pas du tout vidé le cahier des charges et des préalables du Rassemblement de l’opposition. Cette plateforme de l’opposition exige notamment la démission d’Edem Kodjo du poste de facilitateur du dialogue national et la dépolitisation de la chaine publique.

«Il n’est pas question, pour nous, d’aller dans un dialogue où il n’y a pas de vérité. Ils sont en train de faire la politique de fiction», a conclu le président des FONUS.
 
Préjudice causé à CKTV

Le directeur général de Canal Kin-Télévision (CKTV), l’une des chaines de télévision rouvertes, Moïse Musangana, a salué cette mesure gouvernementale :

«C’est une joie pour nous que nous soyons rouverts. C’est une mesure visant la décrispation, c’est-à-dire quelle que part la démocratie a été énervée par cette décision [fermeture de la chaine]. Voilà qu’on est en train de rétablir la démocratie en RDC. C’est notre cheval de bataille.»

Cependant, il a noté que le préjudice subi pendant une année et sept mois de fermeture était énorme, sans le chiffré.

«On ne peut être que satisfait. On a rouvert après une année et sept mois. Le préjudice a été énorme. Est-ce qu’il sera réparé ? », s’est-il interrogé.

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