Controverse autour de la publication du gouvernement Badibanga

En RDC, les réactions sont diversifiées au lendemain de la publication du gouvernement Badibanga, fruit de l’accord de la Cité de l’Union africaine.

Réagissant mardi 20 décembre à Radio Okapi, le vice-président en charge des questions institutionnelles au G7, Christophe Lutundula, estime que l’acte posé par le président de la République est notamment une façon de tacler les négociations directes menées sous l’égide de la CENCO.

Pour Christophe Lutundula, la publication de ce gouvernement ne résout rien dans la recherche des solutions pacifiques à la crise qui secoue le pays:

«Sur le plan politique, l’acte que le président Kabila vient de poser a deux portées essentielles : La première, est un pied de nez fait aux évêques en qui nous avons manifestement tous donné confiance. La deuxième portée est qu’il est clair que le président de la République ne veut pas d’une solution consensuelle pour une issue pacifique à la crise qu’il a créée».

Le G7, plate-forme politique membre du Rassemblement, dit-il, continue à faire confiance aux évêques qui, selon lui, mène une médiation pour la tenue des élections apaisées.

Appel au respect de la constitution

Le Front pour le respect de la constitution estime que le gouvernement ne constitue pas un enjeu actuel pour résoudre la crise au pays. La coordonnatrice de cette plate-forme, Eve Bazaïba Masudi, l’a dit au lendemain de la publication de l’équipe Badibanga, composée de 68 ministres et vice-ministres.

Elle a qualifié la publication de ce gouvernement « d’un non-évènement » estime que la RDC n’a pas actuellement besoin d’un quelconque gouvernement mais plutôt du respect de la constitution en ce qui concerne le deuxième et dernier mandat du président Kabila. Ce mandat a expiré le 19 décembre à minuit.

«Le plus important pour nous est de savoir à quel moment nous allons l’organisation de l’élection présidentielle pour que le pays ne soit pas déstabilisé», a souligné Eve Bazaïba.

A ce stade, dit-elle, Joseph Kabila n’a plus de légitimité comme président de la République.

Un autre gouvernement après le dialogue inclusif ?

Le ministre de la Communication et Médias, Lambert Mende, donne encore de la chance au dialogue inclusif: «Si les négociations [du Centre interdiocésain] aboutissent à des négociations à des résultats qui impliquent l’impact sur le gouvernement, je ne pense pas que le président refusera de modifier la composition du gouvernement ». Il estime que les échanges directs du Centre interdiocésain ne peuvent pas avoir un impact sur le fonctionnement régulier des institutions de la République.

Lambert Mende a par ailleurs expliqué que le dialogue inclusif ne se charge pas de réécrire la constitution, ni de régler les problèmes déjà réglés par la constitution notamment sur le droit pour le président de la République de nommer un gouvernement et de continuer à diriger les institutions jusqu’à l’élection d’un prochain président.

Pour sa part,  la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) croit également à la mise en place d'un autre gouvernement à l’issue du dialogue inclusif. Le secrétaire général ad intérim de cette institution, Abbé Donatien Nshole, l’a affirmé, mardi, à Radio Okapi :

«Le programme arrêté pour la reprise des travaux reste le même. L’idéal aurait été que tout soit fait à l’issue d’un accord global maintenant on comprend qu’il y avait certainement des urgences qu’il fallait régler.  Si on trouve un accord le plus tôt possible et qu’on revoit les choses conformément à l’accord qui aura été signé».

Pour ce prélat catholique, la publication du gouvernement Samy Badibanga ne modifie en rien la suite des négociations du Centre interdiocésain et souhaite qu’un accord soit trouvé par rapport à la gestion du temps jusqu’à la tenue des élections.

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