Bukavu: journée «école sans enseignant»

Les enseignants de Bukavu sont restés chez eux mardi 28 février suivant le mot d’ordre pour la journée «école sans enseignant» lancé par leurs syndicats pour exiger l’amélioration de leurs conditions sociales. Une marche pacifique des enseignants a eu lieu dans la journée à partir du bureau de la coordination de la société civile vers le ministère de l’EPSP et le service provincial de paie  des enseignants (SECOPE), où les manifestants ont déposé leur mémorandum.

La synergie des Syndicats national des enseignants au Sud-Kivu demande au ministère de tutelle de renoncer à l’idée d’enlever de la liste de paie les enseignants intégrés après 2012. Ils sont considérés comme des unités en surnombre et budgétivores, d’après une correspondance du secrétaire général de l’enseignement datée d’avril 2016, citée par le SYNECAT.

Pourtant, «on nous avait promis qu’on serait en train de payer régulièrement mille enseignants par an. Mais, [...] nous avons 44% des enseignants non payés dans la province du Sud-Kivu», a dénoncé la même source.

Les enseignants contestent aussi la baisse de leur salaire, consécutive à la dépréciation du franc congolais sur le marché. «Le salaire de l’enseignent était de 100.000 francs congolais. Il équivalait  à 108 dollars américains. Aujourd’hui avec le taux de 135 et 140 francs le dollar, nous avons 70$», a déploré le secrétaire provincial de ce syndicat, Jacques Cirimwami.

«A part ça, nous avons un problème de mutuelle de santé, ça s’arrête seulement dans les provinces de l’Ouest tandis qu’à l’Est on n’en parle pas. Aujourd’hui, les enfants des enseignants sont traités gratuitement dans certaines provinces et même dans la ville de Kinshasa. Nous, on ne cesse de nous promettre et ça n’avance pas », a-t-il poursuivi.

Salles vides

La colère des enseignants s’est ainsi traduite par leur décision unanime de ne pas franchir les portes de leurs classes mardi. «Trop, c’est trop!», s’exclame le secrétaire provincial du Syndicat national des enseignants catholiques (SYNECAT).

Les enseignants tiennent mordicus à leur mouvement, qu’ils menacent d’ailleurs de généraliser au cas où le pouvoir en place ne prend en compte leurs revendications.

«Nous allons donner notre mémorandum au directeur provincial du SECOPE, quant à lui de le transmettre à son chef national, et au ministre provincial [pour qu’il puisse le] communiquer au gouvernement national. Si rien n’est fait, nous sommes prêts à suspendre les activités», a averti un enseignant, au départ du siège de la société civile.

C’est ainsi que les élèves se sont rendus à l’école, mais n’y ont pas trouvé d’instituteurs. Sur le chemin de retour à la maison, ils ne cachaient pas leur indignation.

Les parents aussi se disent déboussolés par l’attitude des enseignants, qui «abandonnent les enfants dans la rue», alors que les parents payent la prise en charge des instituteurs.

«Cela nous dérage beaucoup […], presque nous faisons beaucoup d’efforts pour que les enfants puissent étudier. Mais, les enfants risquent de ne pas aller jusqu’au bout de leur année scolaire», a déploré un parent rencontré dans les rues de Bukavu.

La journée «école sans enseignant» était généralisée à l’ensemble de la province du Sud-Kivu, selon le Syndicat national des enseignants catholiques.

 

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