Vidéo de l’assassinat des experts de l’ONU: l’ASADHO dénonce l’immixtion du gouvernement dans la justice

Au lendemain de la présentation par le gouvernement des vidéos de l’exécution des deux experts de l’ONU par des présumés miliciens Kamuina Nsapu, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) a dénoncé « les immixtions à répétition  du gouvernement de la RDC dans l’administration de la justice».

Ces immixtions constituent, selon l’ONG, une véritable obstruction à la conduite des enquêtes indépendantes et à la manifestation de la vérité.

 Dans son communiqué, l’ASADHO rappelle qu’au courant du mois de février 2017,  une commission constituée des hauts magistrats militaires a été mise en place pour clarifier les massacres des populations civiles survenus dans les provinces du  Kasaï-Central et du Kasaï-Oriental.

Cette ONG rappelle également que, lors d’une interview accordée à  Radio Okapi le 22 février 2017, le porte-parole du gouvernement, avait lancé un appel à témoin, en disant: «Quiconque à Mbuji-Mayi ou à Kananga a été témoin ou victime des faits…. est appelé à les dénoncer auprès des auditeurs supérieurs près des cours supérieures militaires de Kananga et de Mbuji-Mayi pour aider à la manifestation de la vérité».

Contre toute attente et en violation du secret de l’instruction préparatoire devant le parquet/auditorat et du principe de la présomption d’innocence des personnes mises en cause, consacré par l’article 17 de la Constitution, selon la même source, le ministre Lambert Mende a divulgué le lundi 24 avril 2017 la vidéo de l’exécution de deux experts de l’ONU par des individus qualifiés de «miliciens de Kamuina Nsapu».

Pour l’ASADHO, «le fait que cette vidéo, qui devrait être mise à la disposition de la justice militaire conformément aux principes indiqués ci-dessus,  soit commentée et rendue publique par un membre du gouvernement, qui n’est pas membre du pouvoir judiciaire, décrédibilise l’enquête judiciaire en cours».

Cette vidéo, estime l’ONG, est diffusée dans le but de manipuler et d’orienter la justice militaire vers une seule piste et l’opinion publique vers la culpabilité des «miliciens de Kamuina Nsapu».

Par ailleurs, l’ASADHO demande au président de la République de veiller à ce que la justice soit administrée conformément à la Constitution et aux lois de la République.

Cette ONG de défense des droits de l’homme invite le Conseil de sécurité de l’ONU de continuer les pourparlers avec la RDC pour la mise en place d’une commission indépendante devant enquêter sur les massacres perpétrés dans les provinces  du Kasaï.
 

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