Le Phare : «Assassinat de Catalan et Sharp : le Conseil de Sécurité embarrassé !»

Le débat de jeudi au conseil de sécurité de l’ONU portant sur l’examen de deux récents rapports sur l’assassinat de deux experts onusiens au Kasaï et sur la situation politique en RDC suscite les commentaires des journaux parus vendredi 18 août à Kinshasa.

Le conseil de sécurité de l’ONU a eu affaire jeudi à deux rapports contradictoires qui ont atterri sur sa table au sujet du double assassinat de Zaida Catalan et Michael Sharp en mars 2017 au Kasaï, révèle Le Phare qui note que cet organe de décision de l’ONU a paru « indécis » voire « embarrassé » après examen de ces deux documents.

En effet, explique le quotidien, le premier rapport, réalisé par des experts désignés par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme est allé presque dans le sens de celui présenté par les autorités congolaises en juin dernier à Genève en incriminant les miliciens de Kamuina Nsapu tandis que le récent rapport des experts du Conseil de Sécurité a imputé une large part de responsabilité de ce double crime, qualifié de « prémédité », aux forces de sécurité congolaise.

Un débat houleux s’est engagé au cours de cette réunion, poursuit le tabloïd, précisant que cette discussion  opposait deux camps dont celui des Etats-Unis et de la quasi-totalité des pays d’Europe qui réclament des sanctions contre le pouvoir en place à Kinshasa jugé coupable selon eux de l’élimination physique de deux experts et le second, constitué des Etats africains et d’une partie des pays asiatiques, qui plaidaient pour l’abandon de la voie des sanctions.

Politico.cd qui aborde cette actualité note que pour le conseil de sécurité, les deux rapports s’accordent sur un point : « le double assassinat a été commis vers 16h (heure locale) le 12 mars 2017. La veille, les deux experts avaient rencontré un petit groupe de représentants de la milice des Kamuina Nsapu », écrit le site web d’informations, citant la radio française RFI.

Cependant, dans le dernier rapport sur ce crime, poursuit le site d’actualité en ligne, la nuance est que les experts de l’ONU ont décrit cet assassinat sous la forme d’un « guet-apens, prémédité », et évoqué comme coupable « un groupe hétéroclite d’individus qui aurait pu compter des éléments des forces de sécurité », souligne politico.cd.

Voilà pourquoi Washington pense que ces rapports n’ont pas bien élucidé des zones d’ombre, rapporte pour sa part Le Potentiel qui s’intéresse à cette actualité. Pour les Etats-Unis, poursuit le quotidien, seule une « enquête complète », effectuée loin des regards de Kinshasa, peut permettre d’élucider cette énigme.

Cette position des Etats-Unis défendue jeudi lors de cette réunion du conseil de sécurité par l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley met une fois de plus en difficulté le pouvoir en place à Kinshasa estime le journal qui rappelle que les autorités congolaises n’adhèrent pas à l’option d’une enquêté internationale, actionnée loin de ses regards.

C’est d’ailleurs  la position qu’a soutenu le ministre des Affaires étrangères Léonard She Okitundu lors de ce débat. A en croire Cas-info.ca, le chef de la diplomatie congolaise a insisté sur le fait que le gouvernement congolais tenait à garder la main sur les investigations, dans le respect des résolutions de l’ONU tout en bénéficiant de l’appui de celle-ci.

Or, l’ONG Human Rights Watch (HRW) doute de la fiabilité des démarches entreprises par les autorités congolaises visant à faire la lumière sur le meurtre de Zaida Catalán et Michael Sharp, fait remarquer Actualité.cd.

Dans un dans un communiqué rendu public jeudi, Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique Centrale à Human Rights Watch, a estimé que « puisque les forces de sécurité congolaise sont peut-être responsables des assassinats, on ne peut se fier au gouvernement congolais pour trouver les tueurs », rapporte le site web d’actualité.

Elle a dès lors appelé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres à mettre en place «une enquête des Nations Unies pour faire toute la lumière et aider les autorités américaines et suédoises dans leurs efforts pour constituer des dossiers contre les responsables de ce crime odieux», écrit le site web. 

 Egalement au centre du débat à la réunion du conseil de sécurité de jeudi, l’évaluation de la situation politique de la RDC avec comme toile de fond l’application de l’accord de la Saint Sylvestre.
Sur ce point, Forum des As rapporte que certains membres du Conseil de sécurité ont déploré ce qu’ils considèrent comme «lenteur dans l’application» de l’accord de la Saint Sylvestre et ont exigé que cet accord soit «clairement mis en œuvre».

A cette préoccupation, She Okitundu s’est voulu rassurant, en affirmant que le processus d’enregistrement des électeurs «progresse» et «les élections auront bel et bien lieu en RDC, conformément au calendrier électoral qui sera publié par la Commission électorale nationale indépendante», lit-on dans les colonnes du quotidien.