Heurts entre étudiants de l’INBTP et policiers : le ministre de l’ESU suspend le directeur général


Le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire Steve Mbikayi a suspendu jeudi 7 décembre après-midi le directeur général de l’Institut national du bâtiment et des travaux publics (INBTP), le professeur Azama. L’arrêté  du ministre reproche au directeur général suspendu «le non-respect des directives de la tutelle quant à la fixation du taux de paiement des frais académiques». 
 
Cette décision a été prise après les heurts qui ont opposé les forces de l’ordre aux étudiants de l’INBTP. Ces derniers sont descendus dans la rue pour protester contre le taux de change du dollar qu’imposent les dirigeants de cette institut pour les frais académiques.
 
Pour Steve Mbikayi, tous les chefs d’établissements sont censés « respecter et mettre en application la décision de la hiérarchie ». Quant à ce qui concerne le taux de change à prendre en compte pour fixer les frais académiques, le ministre de l’ESU pense qu’aucun chef d’établissement ne devrait agir d’une manière unilatérale.
 
«Il y a deux situations : il y a les établissements où on a toujours payé les frais en dollars. Mais il y a d’autres par contre où les frais fixés en dollars sont payés en Franc congolais, depuis l’année passée c’était payé au taux de nonante-six. Après une rencontre qu’on a eu à la primature avec le chef du gouvernement il a été conseillé aux chefs d’établissements de ne pas fixer de façon unilatérale le taux, comme ils sont en difficultés de fonctionnement, il faut absolument négocier avec les étudiants et puis les professeurs, pour tomber d’accord sur le taux qu’on doit appliquer», explique Steve Mbikayi.
 
Il fait remarquer qu’à l’IBTP, on a carrément demandé aux étudiants de payer en dollars alors que l’année passée ils ont payé en franc congolais. Il recommande aux institutions universitaires d’amorcer des concertations entre parties afin de trouver un compromis qui doit être avalisé par l’ESU.
 
Une journée tendue, arrosée par des gaz lacrymogènes
 
Jusqu’en milieu d’après-midi jeudi, la tension était vive dans le périmètre de l’INBTP. Les étudiants qui manifestaient ont affronté les policiers et militaires venus les disperser. D’après ces étudiants, leur DG s’est obstiné  à ne pas appliquer le taux de change de l’année passée [ 1 dollars pour 960 FC, selon le ministre] et n’a pas consulté les étudiants avant de l’adapter au taux actuel [1 dollars pour 1600 FC].
 
Ils accusent aussi le DG «d’obliger les étudiants à ne payer les frais académiques qu’en dollars». Ils ont décidé de manifester, dans la rue, leur mécontentement. Ces étudiants ont, par la suite, été cantonnés à l’intérieur du site de l’INBTP par la police et les militaires FARDC venus rétablir l’ordre. Ces forces les avaient auparavant dispersé à coups de gaz lacrymogène et levé les barricades de pneus enflammés qui empêchaient la circulation.
 
Scandant des chansons hostiles aux forces de l’ordre à l’intérieur de leur institut, ces étudiants ont été dispersés par une nouvelle unité de la police qui a fait irruption dans le campus. Au moins six étudiants ont été blessés, dont un par balle, a constaté un journaliste de Radio Okapi. Une dizaine d’autres ont été interpellés.
 
Le patron de la police de la ville de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo arrivé sur place quelques temps après, a estimé que les étudiants sont manipulés.
 
«Quand ils viennent ici c’est pour étudier, ce n’est pas pour être manipulés par les politiciens. Un problème de taux, c’est un problème qui se règle à l’amiable, Ce n’est pas un problème de prendre la rue en otage, la police est entrée dans le site bien sûr, bien sûr quand eux ils sont en train de jeter des pierres sur les véhicule dans la rue, vous voulez que la police fasse quoi», s’est emporté le général Kasongo.
 
Arrivé à son tour et bien reçu par les étudiants, le ministre de l’ESU Steve Mbikayi a amorcé une négociation avec les étudiants qu’il n’a pas pu finir. Lui, sa délégation et les journalistes ont été bombardés des gaz lacrymogènes au moment où il voulait s’adresser aux étudiants. La situation a complètement dégénéré. Plusieurs étudiants ont été interpellés, d’autre ont quitté le site.

Vous pouvez écouter le reportage de radio Okapi à propos de ces incidents ici :

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