Nord-Kivu : dans la cité minière de Rubaya, la MONUSCO finance un projet d’adduction d'eau potable

A une soixantaine de kilomètres de Goma se trouvent les carrières minières de Rubaya. Une localité de collines verdoyantes du territoire de Masisi qui regorge de matières premières dont le coltan et la cassitérite, minerais rares convoités par les  multinationales.

« Nous avons un sol et un sous-sol bénis, mais nous sommes malheureux », affirme un des notables de la région, faisant allusion à la difficulté notoire des conditions de vie et à l’absence d’infrastructures dans cette entité, notamment routières, à la suite de l'instabilité chronique de ce territoire qui s’étend sur 4.734 km2 et étant, depuis longtemps, le fief de plusieurs rébellions qui évoluent dans l’est de la RDC.

En pays minier, Rubaya abrite près de 100.000 âmes, se niche à quelque 2000 mètres d’altitude. Véritable carrefour commercial, la ville accueille d’importants flux de personnes en provenance des villages environnants, fuyant les affrontements de l’armée loyaliste contre les groupes armés. Ainsi, la ville souffre d'une insécurité permanente due aux groupes armés qui pullulent dans les environs.

La rareté de l'eau portable à Rubaya a provoqué des tensions croissantes entre la population locale, les personnes déplacées internes et les compagnies minières. Pour résoudre cette question d’eau potable, le programme de réduction des violences communautaires (CVR) a travaillé avec un certain nombre d'ex-combattants démobilisés de Kananga et de Kitona, des jeunes à risque, et des femmes vulnérables dans la construction d'un projet d'adduction d'eau dans cette localité.

Le projet a montré une meilleure cohabitation entre les groupes susmentionnés et a été fortement soutenu par les autorités locales. Il s'inscrit dans le «Masisi Center» de la zone prioritaire et suit la logique de la stratégie de l'ISSSS (Stratégie de soutien à la sécurité et à la stabilisation pour l’est de la RDC) mise en place par la MONUSCO.

Sous la supervision de l’Unité d’appui à la stabilisation (UAS) de la MONUSCO, et notamment grâce à Miriam Moeller, une employée de l’UAS qui s’est particulièrement impliquée dans le projet, les travaux ont duré six mois, de juillet à décembre 2017. Au cours desdits mois, le projet «d’adduction d'eau à Rubaya» a été mis en œuvre par l'ONG SOPROP dans le cadre du programme de la réduction des violences communautaires (CVR) pour un montant de 100.000 dollars américains payés par la MONUSCO.

Trois autres réseaux d’adduction d’eau existent déjà à Rubaya avec un total de 38 bornes-fontaines. Malheureusement, faute d’entretien, 18 sont hors d’usage et vingt autres ne fonctionnent que 45 minutes par jour, ce qui s’avère insuffisant pour la totalité de la population actuelle. A présent, les 26 bornes-fontaines construites à travers le projet couvrent juste 46% des besoins en eau de la population. Le souhait de donner une suite à ce projet à travers le CVR a été déjà exprimé par les autorités locales. SOPROP et l’Unité d’appui à la stabilisation de la MONUSCO lui préparent actuellement une suite qui pourrait voir le jour dans les mois à venir.

La cérémonie de remise officielle de ce projet a eu lieu fin janvier dernier en présence de Christophe Ndibeshe, ministre provincial de l’Agriculture, pêche, élevage et développement rural, et d’une délégation de l’ambassade de Suède dont Lena Sund, envoyée spéciale du gouvernement suédois pour la région des Grands Lacs. La présence de cette délégation s’explique par le fait que la Suède participe financièrement au Fonds de Cohérence pour la Stabilisation (FCS) pour la République démocratique du Congo.

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