Gestion des immondices à Kinshasa : les communes mises à contribution

Lors d’une réunion organisée il y a quelques jours à l’Hôtel de ville de Kinshasa, le gouverneur André Kimbuta a rappelé à tous les bourgmestres de à s’impliquer dans la gestion des décharges publiques et centres de transit des déchets se trouvant dans leurs communes. Ils sont notamment invités à trouver des moyens pour l'entretien de ces sites, connus pour leur débordement et leur puanteur. Si à Kintambo les travaux de la gestion des déchets ont déjà commencé, d’autres municipalités trainent le pas. Reportage.
 
Dans la commune de Kintambo, devant la décharge appelée «hôpital», les passants sont surpris de voir que cet espace est clôturé avec des fils barbelés, propre et rangé. Le bac ne déborde pas et il n’y a pas non plus d’ordures sur le sol. Les déchets sont classés dans des compartiments en briques selon leur composition.
 
Le bourgmestre de Kintambo, Didier Tenge Litho, explique comment est géré ce site : «On reprend les plastiques, les cartons, aluminium et les bouteilles. Il y a une transaction en termes de monnaie qui est faite. Tout le monde reprend ces déchets. A la 7e rue par exemple, on fabrique des mouchoirs à papiers. Les bouteilles, nous les amenons à la Boukin [entreprise de fabrication des bouteilles]. Tout ce que vous voyez ici, c’est de l’argent qui dormait depuis longtemps».
 
Les fonds générés par ces transactions sont gérés par la commune afin de «payer le personnel, continuer les travaux et réaliser d’autres projets de la commune».
 
Le bourgmestre Didier Tenge promet de continuer à travailler, et mettre de l’ordre dans d’autres décharges de sa commune qui ne sont pas encore rangées.
 
1 000 FC, accès aux décharges
 
Pour avoir accès aux décharges, il faudrait débourser à partir du 1er mars 1 000 Francs congolais (0,62 USD) pour ceux qui n’ont pas de sachet sur lequel est gravé le logo de la ville, informe le bourgmestre de Kintambo, Didier Tenge Litho.
 
Ceux qui ont des sachets avec le logo auront un accès gratuit aux décharges. Une mesure qui vaut pour toutes les communes.
 
A Kasa-Vubu, cette décision n’enchante pas les pousse-pousseurs, qui exigent que l’accès soit réduit à 300 Fc (0,18 USD).
 
«Les sachets à 1000 FC c’est cher. Il nous faudra combien de sachets pour remplir les charriots ? On doit nous les [sachets] vendre à 300 FC», plaide un poussee-pousseur.
 
Décharges supprimées à Kasa-Vubu
 
Dans la commune de Kasa-vubu, La bourgmestre, Bébé Mbuyi Meta, affirme que certaines décharges situées devant les écoles ont été supprimées. Seules deux ont été retenues : celles de Banalia et Lukandu.
Elle promet de les clôturer bientôt et d’organiser les évacuations tous les samedis.
 
Sur le terrain, ces décharges ne fonctionnent pas. Elles sont réellement supprimées. Ceux qui viennent avec des immondices sont appelés à trouver d’autres endroits :
 
«Nous ne recevons pas de déchets en attendant un réaménagement du site. Nous demandons à ceux qui viennent avec des déchets d’aller ailleurs», affirme un agent de la Régie d’assainissement et des travaux publics de Kinshasa (RATPK).
 
Les pousse-pousseurs rencontrés sur place s’en plaignent : «Je viens de Kasa-Vubu, mais nous vidons nos charriots loin vers Inga, dans la commune de Bandalungwa».
 
Malgré les efforts fournis par les bourgmestres, la population ne les accompagne pas. À Kintambo et à Bandalungwa, les habitants semblent avoir repris l’habitude de jeter les ordures dans la nature.
A toutes ces personnes, le bourgmestre de Kintambo promet des sanctions. 
 
«Nous avons déjà interpellé 3 personnes qui sont dans la commune. Nous avons le parquet nous appuie et la police aussi», fait-il remarquer.

Après le désengagement de l’Union européenne du projet d’assainissement de la ville de Kinshasa en août 2015, les immondices s’étaient entassées dans les décharges publiques. Le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, avait évoqué des problèmes financiers pour évacuer les poubelles. Selon lui, le gouvernement central avait pris l’engagement de financer à hauteur de 800 000 dollars américains par mois les travaux d’évacuation et d’enfouissement de ces immondices durant une année. Ce qui n’aurait pas été fait à l’époque.

De son côté, la primature, à travers un communiqué, avait indiqué que cette tâche revient plutôt au gouvernement provincial de Kinshasa.

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