RDC : le HCR choqué par les atrocités signalées dans la province de Tanganyika

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a averti mardi 20 février qu’une catastrophe humanitaire d’une ampleur exceptionnelle se développe actuellement dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que la province de Tanganyika s’enfonce dans la violence, générant des déplacements forcés et des atteintes aux droits humains.

Lors d’un point de presse ce mardi à Genève, le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic a souligné que plusieurs régions de la province ont été le théâtre d’atrocités et de déplacements massifs en raison de conflits intercommunautaires entre les Twa, les Luba et d’autres groupes ethniques. De plus, de violents affrontements entre les forces armées congolaises et les milices se poursuivent depuis la fin janvier, tandis que de nouveaux groupes armés menacent de semer la terreur dans la province.

Des personnes qui ont fui pour sauver leur vie près de la capitale provinciale, Kalemie, font des récits d’effroyables violences lors d’attaques menées contre leurs villages, y compris des meurtres, des enlèvements et des viols. Les partenaires du HCR ont enregistré les signalements d’environ 800 incidents au cours des deux premières semaines de février à Tanganyika, et la tendance est à la hausse.

En 2017, les partenaires du HCR ont enregistré plus de 12 000 signalements de violations des droits humains à Tanganyika et dans la région voisine de Pweto, dans la province du Haut Katanga, où le conflit s’est propagé. Cependant, le HCR craint que le nombre de personnes touchées ne soit beaucoup plus élevé, car de nombreuses zones sont trop dangereuses pour y accéder.

La majorité des incidents sont liés à des violations des droits de propriété, notamment des extorsions de fonds, des pillages et des destructions. Toutefois, environ 4.700 de ces signalements concernent des violences physiques, des tortures, des meurtres, des assassinats, des arrestations arbitraires, le travail forcé, des mariages forcés et des viols.

523 signalements de violence sexuelle à Tanganyika et à Pweto

La violence sexuelle est d’ailleurs une source de vive préoccupation pour l’Agence onusienne. Malgré les difficultés d’accès et la stigmatisation des personnes affectées, les partenaires du HCR ont réussi à enregistrer 523 signalements de violence sexuelle et sexiste à Tanganyika et à Pweto. Ils ont orienté les survivants vers des services médicaux, une aide judiciaire et un soutien psychosocial. Environ la moitié d’entre eux étaient des enfants.

Dans l’ensemble, ce sont des populations déplacées déjà vulnérables qui sont le plus souvent victimes de ces atrocités - commises non seulement dans le contexte du conflit ethnique, mais aussi par les soldats déployés pour combattre les milices rebelles. En attendant, la violence qui s’est répandue à travers la province de Tanganyika - dont la superficie est de trois fois la superficie de la Suisse avec une population d’environ trois millions d’habitants - a généré plus de 630.000 déplacés internes, soit presque deux fois plus que les 370.000 personnes contraintes de quitter leur foyer en 2016.

Dans ces conditions, le HCR appelle les autorités congolaises à assurer la protection de la population civile, à donner effectivement suite à tout signalement de crimes commis par les forces armées et à mettre un terme à la perception d’impunité liée aux violations des droits humains.

Or le HCR rappelle qu’elle a reçu l’année dernière moins d’un dollar par personne en contributions de donateurs pour ses programmes d’aide aux personnes déplacées à l’intérieur de la RDC. De ce fait, de nombreux déplacés internes dans la province de Tanganyika n’ont reçu pratiquement aucune aide humanitaire. Donc pour 2018, le HCR lance à nouveau un appel aux donateurs pour un montant de 368,7 millions de dollars pour l’aide aux déplacés et aux réfugiés congolais. Au total, 80 millions de dollars sont nécessaires pour venir en aide aux populations déplacées internes en RDC.

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