Kasaï : une année après l’attaque des miliciens, Lwebo ne se reconstruit toujours pas

 
31 mars 2017. Aux premières heures de la matinée, des présumés miliciens Kamuina Nsapu venus de plusieurs localités voisines attaquent la cité de Lwebo. Selon des sources, entre cinq et dix personnes sont tuées. Parmi elles, l’épouse de l’administrateur du territoire dont le corps est mutilé et abandonné sur la piste de l’aérodrome de la cité. Les présumes miliciens s’en prennent également aux principaux bâtiments de l’agglomération. Des infrastructures de l’église catholique et des bâtiments publics sont saccagés, détruits. Certains incendiés. L’évêché est saccagé, la cathédrale de Lwebo profanée. Des couvents des prêtres et des religieuses notamment sont également attaqués. Un an plus tard, la cité peine à se relever.
 
Marcel Ndomba de la société civile de Luebo était dans la cité le jour de l’attaque. Il relate l’incursion des miliciens :
 
«Vers cinq heures du matin, il y a eu le groupe Kamuina Napu qui est arrivé a Lwebo. [Les miliciens] ont détruit tous les bâtiments administratifs de l’Etat et les maisons des missionnaires catholiques. Même l’évêché était détruit vers 9 heures. A 14 heures, on a tué la femme de l’administrateur du territoire. On a même brûlé un véhicule des religieuses et un autre de l’économat du diocèse de Lwebo. Tous les biens de la CENI ont été incendiés par les miliciens. Moi, je suis allé intervenir pour demander aux miliciens de ne pas détruire l’évêché. J’ai eu beaucoup de coups».
 
Un air de «cimetière»
 
Les miliciens sont restés dans la cité pendant environ deux semaines avant de s’en aller à l’arrivée des militaires congolais. Des miliciens qui ont laissé derrière eux, une ville complètement saccagée et vidée d’une grande partie de sa population.
 
Une année après l’attaque, le député Léon Mubikayi, affirme que Lwebo ressemble à un cimetière. Elu de ce territoire, il regrette que rien n’ait été fait en faveur de la population locale par l’Etat congolais.
 
«Sur le plan des infrastructures, ça ressemble à un cimetière. Tout a été détruit. Nous nous demandons si ce sont les mêmes qui étaient ailleurs et qui sont venus à Lwebo parce que toutes les infrastructures ont été détruites. Même les églises et les écoles. Du côté de l’église catholique, il n’y a aucune place où un prêtre peut rester. Toutes les paroisses ont été détruites. Notre cathédrale qui faisait la fierté de la ville de Lwebo a été détruite aussi», explique l’élu.
 
Marcel Ndomba de la société civile confirme que les infrastructures détruites n’ont pas été reconstruites. C’est une cité où la plupart des bâtiments ont été saccagés que les personnes qui avaient fui l’incursion des miliciens retrouvent à leur retour après un séjour dans des familles d’accueil ou à la brousse.
 
L’évêque toujours pas de retour

 
Selon Marcel Ndomba, 70% des habitants de la cité sont rentrés. Les autres sont encore en brousse ou dans des familles d’accueil loin de Lwebo. Actuellement, fait-il savoir, quelques prêtres sont rentrés dans la cité. Mais l’évêque n’est toujours pas de retour.
 
Selon l’abbé Georges Dikebele du diocèse de Lwebo, trois prêtres sont dans la cité depuis quelques mois déjà. Le prêtre explique que le retour de l’évêque est conditionné par «certaines mises en place».
 
«L’arrivée de l’évêque à Lwebo est conditionnée par certaines mises en place en vue de la purification de la cathédrale qui a été profanée. Pour y arriver, il faudrait d’abord que l’on entretienne la cathédrale, que l’on équipe la cathédrale et qu’on prépare les chrétiens par des enseignements, par la confession ainsi que par un accompagnement pastoral», détaille l’abbé Georges Dikebele.
 
Les prêtres qui sont actuellement à Lwebo ne célèbrent pas de messe dans les églises. Ces dernières ayant été profanées par les assaillants de l’année passée doivent d’abord connaitre une «purification». En attendant, les messes sont célébrées dans les cours des paroisses et des écoles.
 
En février dernier, des ONG de Lwebo ont publié une déclaration demandant à l’évêque de retourner dans la cité.
 
La société civile tente de convaincre les habitants de se cotiser pour réhabiliter quelques infrastructures de l’église. De l’aveu même de l’abbé Georges Dikebele, la réhabilitation de toutes les infrastructures de l’église catholique va nécessiter du temps et beaucoup de moyens.
 

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