Kasaï : « Le travail de terrain des experts de l’ONU s’est fait dans la précipitation », selon Mme Mushobekwa

Mme Marie-Ange Mushobekwa, ministre des Droits humains de la République démocratique du Congo, a estimé mardi devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU que le travail de terrain de l’Équipe d’experts des nations unies sur le Kasaï se soit fait dans la précipitation. Ce qui sème, selon elle, un doute sur l’authenticité de certaines éléments relevés dans ses enquêtes.
 
Mme Mushobekwa a indiqué qu’elle n’entendait pas pour autant rejeter en bloc le travail de l’équipe d’experts et a reconnu que certains éléments des forces armées se sont rendu coupables d’atrocités dans le Kasaï.

Elle a également reconnu que la milice Kamuina Nsapu avait semé la terreur pendant plusieurs mois et avait recruté de gré ou de force des enfants, les poussant à tuer tous les agents de l’État qu’ils rencontraient sur leur chemin.

La ministre Des droits humains de la République démocratique du Congo, a rappelé que, dans les provinces du Kasaï, le « phénomène Kamuina Nsapu » n’était au départ qu’un mouvement créé sur la base de revendications coutumières, mais qui s’est transformé d’après elle en groupe terroriste.  Elle a déploré que certains acteurs politiques, tant sur le plan national qu’international, aient voulu instrumentaliser le drame de la région à des fins politiques.

C’est pourquoi le Gouvernement de la République démocratique du Congo a soutenu la résolution 35/33 du Conseil des droits de l'homme, votée le 23 juin 2017, pour permettre la manifestation de la vérité sur cette situation.

Les principes des droits de l'homme sont universels et il n’y a donc pas de bons et de mauvais crimes, a poursuivi la ministre des Droits humains.  

« Tous les crimes sont condamnables et doivent être condamnés », a-t-elle insisté, précisant que son gouvernement avait déjà mis aux arrêts les trois quarts des policiers et militaires coupables de crimes, alors que d’autres sont recherchés.  

Pour certains, les procès ont déjà commencé, a précisé Mme Mushobekwa.
 
Des poursuites contre ceux qui réprimé les manifestations
 
Concernant les manifestations du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018, les conclusions des enquêtes initiées par le gouvernement à travers le ministère des Droits humains ont répertorié 14 morts et 32 blessés par balles et ont été transmises à la justice pour engager des poursuites contre tous les auteurs de ces crimes, a ajouté la ministre.  

S’agissant enfin du processus électoral, Mme Mushobekwa a confirmé une fois de plus que les élections présidentielles et législatives nationales et provinciales auront bien lieu le 23 décembre 2018.
 
En ce qui concerne l’organisation de manifestations publiques, Mme Mushobekwa a rappelé que la liberté de manifester et la liberté d’opinion étaient garanties par la constitution de la République démocratique du Congo et que les interdictions prononcées avaient été depuis levées.  
 
Pas des liens entre la Milice Bana Mura et le gouvernement
  
« La milice Bana Mura n’est en aucun cas liée au gouvernement congolais », a affirmé par ailleurs la ministre des Droits humains.

Au sujet des allégations de femmes esclaves sexuelles dans la province du Kasaï, Mme Mushobekwa en a informé les ministères de l’Intérieur et de la Défense pour qu’ils les recherchent et les libèrent et a demandé des précisions à la MONUSCO.  Mais seulement trois femmes ont été retrouvées, a-t-elle annoncé.  

Concernant la loi sur les défenseurs des droits de l'homme, la ministre a précisé que le gouvernement congolais avait soutenu le projet de loi voté par les sénateurs, mais ensuite amendé dans un autre sens par les députés.
 

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