Kasaï : le difficile quotidien des populations retournées de Kamako

Sans abris, sans nourritures, sans habits, les retournés de Kamako (Kasaï) vivent dans des conditions difficiles. Ils sont environ quatre mille, regroupés dans cette cité au Sud de Tshikapa, à la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Angola. Ces personnes (onze mille, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés ‘’HCR’’, chiffre d’avril 2017) avaient abandonné leurs villages à la suite des violences qui avaient frappé les provinces du Kasaï. Depuis qu’elles sont rentrées à Kamako, elles ne bénéficient d’aucune aide de l’Etat. Seule une ONG leur a fourni de la farine et du haricot. Reportage.
 
A la cité de Kamako, les retournés en provenance d’Angola sont en errance. Leurs habitations, pour certains, ont été détruits ou brûlés. Elie, l’un d’eux, a fui les atrocités occasionnées par le phénomène Kamuina Nsapu. La sécurité rétablie, il décide de rentrer à Kamako. Sur place, il se retrouve dans un embarras de choix, entre rester à Kamako ou rentrer en Angola. L’homme a retrouvé sa maison détruite et sa famille est en errance.

« Nous n’avons pas d’assistance. Ma maison a été détruite et nous ne savons pas où aller », dit-il d’un air désespéré.
 
Elie n’est pas le seul à se retrouver dans cette situation, reconnait la société civile locale. Elle interpelle les humanitaires et le pouvoir public pour venir en aide à ces retournés de Kamako, qui vivent sans activité génératrice des revenus ni assistance.
 
« Ces retournés sont dans des familles d’accueil, ils ont des difficultés de logements. Il y en a qui passent la nuit dans les paroisses. Même ces familles qui les accueillent sont en difficulté, il y a un vrai problème », décrit le deuxième vice-président de la société civile locale, Pierrot Efomi Ilunga.
 
Le souhait d’Elie est que l’Etat vienne en aide à toutes ces personnes qui rentrent chez elles. La seule aide dont elles ont bénéficié est d’une ONG internationale.
 
« Nous demandons de l’aide, nous devons être assistés par l’Etat parce que nous n’avons pas de vivres, nous n’avons pas d’habits. Nous n’avons bénéficié que d’une aide d’une ONG internationale qui ne nous avait remis que de la farine et du haricot », affirme-t-il.
 
Basé à Kamako, l’administrateur assistant du territoire de Tshikapa, Anaclet Musua Kapinga, indique que les rapports sont envoyés régulièrement à la hiérarchie « pour que des réponses urgentes à apporter. »
 
« Quand ils rentrent, ils n’ont pas de sites d’hébergement. 48 heures après, ils se permettent de rentrer encore en Angola », s’inquiète-t-il.
 
Risque de banditisme
 
« Sans activité génératrice de revenus, sans matériel d’insertion, nous risquons de revenir à la case de départ. Lorsque quelqu’un n’a pas une activité, il s’expose à beaucoup d’imaginations », craint pour sa part Pierrot Efomi Ilunga.
 
Selon les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) fournis en avril 2017, plus de 11 000 Congolais se sont réfugiés en Angola après le pic de violence qui a frappé les provinces du Kasaï en RDC. Plusieurs d’entre eux sont retournés à Kamako, mais il est difficile de connaitre avec exactitude leur nombre.
 
A la commission nationale pour le réfugiés (CNR)-Kamako, le secrétaire administratif et assistant à la réintégration indique que des familles hésitent à s’enregistrer.

Alors que c’est important, soutient Jean-Pierre Mutshipayi. Il affirme que ces retournés se disent être découragés et regagnent l’Angola par des voies détournées, parce que l’aide ne suit pas.
 
« Il y a ceux qui passent dans nos bureaux pour être enregistrés. Quand certains voient que ceux qui sont enregistrés ne bénéficient d’aucune aide, ils se découragent. Au début, il y avait l’engouement, mais maintenant, ils ne viennent qu’à compte-goutte. Nous les invitons à venir s’enregistrer », se désole Jean-Pierre Mutshipayi.
 
Toutes ces difficultés ont également été soumises à l’équipe de la MONUSCO de passage dans la cité de Kamako. La délégation a été conduite par le chef de bureau intérimaire de la MONUSCO-Kananga, Essoh Essis.

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