RDC : le BCNUDH a documenté 3316 violations et atteintes des droits de l’homme en six mois

Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté 3.316 violations et atteintes aux droits de l’homme sur l’ensemble du territoire de la RDC, entre les mois de janvier et juin de cette année. Ces statistiques représentent une forte augmentation par rapport à la même période l’année précédente (2822 violations).
 
Ces chiffres ont été fournis mercredi 18 juillet au cours de la conférence de presse des Nations unies. Selon le Bureau conjoint, cette augmentation globale est préoccupante, notamment au vu des violations de plus en plus généralisées des droits civils et politiques de la persistance des restrictions à l’espace démocratique, alors que le pays se prépare à des échéances électorales déterminantes pour la stabilité de la RDC et de la région.
 
« Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte. Il y a l’extension des zones de conflit. Cette année on a eu beaucoup d’incidents au Maniema, le Kasaï continue toujours même si on n’a pas la même ampleur mais surtout le Nord Kivu. La province qui arrive en tête de liste parmi les provinces affectées par les conflits, c’est le Nord- Kivu. C’est l’endroit en RDC ou vous rencontrez le plus grand nombre de groupes armés et les milices au kilomètre carré. La présence des groupes armées entraine les opérations militaires. Et les opérations militaires génèrent les violations des droits de l’homme également. De l’autre côté, nous avons des violations des droits de l’homme liées à ce que nous appelons des restrictions à l’espace démocratiques », a expliqué le directeur du BCNUDH, Abdoul Aziz Thioye.
 
Auteurs des violations
 
Plus de 64% des violations documentées durant le premier semestre 2018 ont été commises par des agents de l’Etat, qui ont notamment été responsables des exécutions extrajudiciaires d’au moins 202 personnes, dont 24 femmes et deux enfants, sur l’ensemble du territoire de la RDC. Les combattants de tous les groupes et milices armés confondus ont quant à eux commis près de 36% des violations documentées et ont été responsables de l’exécution sommaire d’au moins 393 personnes, dont 67 femmes, indique le rapport.
 
Les atteintes par les groupes armés, bien qu’en légère baisse, ont entrainé la mort de plus de 386 civils, ce qui reste un sujet de préoccupation majeur, note le BCNUDH.
 
Du 1er janvier au 30 juin 2018, le BCNUDH a documenté 499 violations liées à des restrictions à l’espace démocratique sur l’ensemble du territoire, soit plus que pour toute l’année 2015 (260 violations) et une augmentation significative par rapport aux six premiers mois de l’année 2017 (430 violations). Ce nombre confirme les restrictions croissantes de l’espace démocratique depuis 2015, opérées en quasi totale impunité, et qui menacent la crédibilité du processus électoral en RDC.
 
L’implication du BCNUDH
 
Au cours du premier semestre de 2018, le BCNUDH a appuyé les activités des juridictions militaires dans le cadre de la lutte contre l’impunité. Au moins 52 militaires des FARDC et 34 agents de la PNC ont été condamnés pour des actes constitutifs de violations des droits de l’homme sur tout le territoire de la RDC, indique le communiqué du BCNUDH.
 
Ce semestre a par ailleurs été marqué par l’augmentation du nombre de décès en détention (120 décès) et une baisse du nombre d’évasions (243 évadés). Le BCNUDH a organisé ou pris part à au moins 173 activités de renforcement de capacités des acteurs étatiques et non-étatiques en matière de droits de l’homme, en particulier la CNDH et le ministère des Droits humains. Ces activités, à l’intention de près 7.000 personnes dont 30% de femmes, ont notamment porté sur les mécanismes nationaux et internationaux de protection et de promotion des droits de l’homme, la protection des défenseurs des droits de l’homme, le respect des droits de l’homme dans le contexte électoral, la lutte contre l’impunité, la lutte contre les violences sexuelles, ainsi que sur la commémoration des journées internationales des droits de l’homme, note le document.
 
Dans le cadre de son programme de protection, le BCNUDH a traité 222 cas de menaces et de violations des droits de l’homme à l’encontre de 141 défenseurs des droits de l’homme, 39 journalistes et autres professionnels des médias, ainsi que de 37 victimes et cinq témoins de violations des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire congolais.

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