Procès du meurtre des experts UN : le tribunal débute l’examen de l’accusation de «terrorisme»

Le tribunal militaire garnison de Kananga a entamé lundi l’examen de l’accusation de terrorisme portée également à charge des prévenus Bula Bula et Vincent Manga dans le procès du meurtre des experts de l’ONU en 2016 au Kasaï.

Au cours de l’audience du jour, le ministère public a expliqué que l’exécution de deux experts de l’ONU faisait partie d’un plan de la milice de répandre la terreur.

Pour le major Carlos Kalala, le fait que la scène de l’exécution ait été filmée démontre une volonté manifeste de terroriser les populations.

«Non seulement, ils ont tué. Ils ont décapité. Ils se sont donné le luxe d’enregistrer ce qu’ils ont fait. Tout cela dans le but d’envoyer un message a la population en vue de semer la terreur. Voilà pourquoi on parle de terrorisme. […] La doctrine de cette milice était basée sur la terreur», explique-t-il.

Le témoin accusé de collusion avec Bula Bula

Le ministère public a ensuite interrogé Bula Bula et Vincent Manga sur le déroulement de cette exécution.

Vincent Manga a repris son explication habituelle sur son ignorance de ce qui s’est passé ce 12 mars 2017 à Moyo Musuila, affirmant n’avoir pas été présent ce jour-là dans ce village. Jusque-là, le présumé chef milicien se contentait de clamer son innocence, affirmant ne rien savoir alors que l’accusation le considère comme l’un des principaux acteurs du meurtre des experts de l’ONU. Grande première à l’audience de lundi: il a fourni au tribunal une indication. Il a affirmé que Jean Bosco Mukanda- le principal témoin du procès- informait Bula Bula, le chef du village Moyo Musuila, du déplacement des experts.  

«Bula Bula est en train de mentir. Bula Bula connait le président de son tshiota qui partait à Kananga et qui l’a appelé au téléphoné pour lui dire qu’il a croisé les blancs», a relaté M. Manga à la barre.  

Interrogé sur l’identité de ce président de tshiota- foyer initiatique de la milice Kamuina Nsapu-, il a cité Jean Bosco Mukanda.

«Le président de son tshiota, c’est Jean Bosco Mukanda. C’est lui qui a téléphone [à Bula Bula]. Bula Bula connait. Il sait que ce jour-là, son président de tshiota [..] a quitté Kananga vers le village», a affirmé M. Manga.

«Comment le savez-vous ?», lui a alors demandé le président du tribunal. 

«Dans leur conversation, quand ils parlaient, c’est comme cela [que je l’ai compris]», a répondu Vincent Manga.

Dans ses déclarations depuis sa première comparution, Bula Bula a affirmé de son côté que Jean Bosco Mukanda était l’homme de main du chef Vincent Manga.

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«Celui qui a tué les blancs est ici»

Après la lecture de la prévention de «terrorisme», le tribunal a interrogé Bula Bula sur ce qui s’est passé avant l’exécution des experts.

«Le président des miliciens ici [il désigne Vincent Manga] a amené ces blancs vivants chez moi avec ses miliciens. Il ne faut pas taper à côté. Celui qui a tué les blancs est ici. Pourquoi il est en train de vous mentir», commence-t-il avant de décrire les deux experts de l’ONU :

«L’homme avait une chemise blanche. La dame avait les cheveux pliés. Elle portait une chainette. Elle n’était pas géante. Elle avait une taille moyenne. L’homme était géant et costaud.»

Selon Bula Bula, les deux experts ont été déchaussés. Les miliciens leur auraient ensuite demandé de s’asseoir par terre dans la concession du chef du village sous des caféiers.

C’est là, selon le ministère public, que s’est tenu un conseil qui a décidé de l’exécution des experts.

Bula Bula s’est borné à déclarer que c’est Vincent Manga qui a décidé de conduire le groupe au tshiota où les experts ont été exécutés. Le chef du village dit avoir demandé à M. Manga de ne pas les tuer. Le chef milicien n’aurait pas tenu compte de son avis.

Au sujet de l’exécution des experts, Bula Bula dit ignorer comment elle s’est passée, affirmant être resté dans son concession quand les experts et leurs accompagnateurs ont été conduits vers la brousse par les miliciens avec à leur tête Vincent Manga.

Le chef du village a aussi déclaré que les miliciens se sont partagé les motos qui conduisaient les experts ainsi que leurs sacs. Ce n’est qu’après l’exécution qu’il en aurait été informé par un milicien qui revenait du tshiota.

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