RDC : Yumbi, village fantôme après les affrontements entre Batende et Banunu

Aucune présence d’animal domestique, même pas de cris d’oiseaux, tandis que les hommes se font rares dans les rues du village Yumbi. C’est ce visage fantôme que présente, vendredi 25 janvier, cette partie de la province du Maï-Ndombe. Un village décimé par les affrontements entre deux ethnies : Batende et Banunu. Le bilan est lourd, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme : 890 morts entre les 16 et 18 décembre 2018 pour les quatre villages du territoire de Yumbi. Mais l'administrateur du territoire intérimaire parle de plus de 500 morts.

Des écoles et des maisons sont détruites : 465, selon les chiffres des Nations unies. Certaines affichent des stigmates d’incendies. Dans le lot, les bureaux de la commission électorale Nationale Indépendante (CENI). A la suite de cette insécurité, la Commission électorale avait décidé de reporter les scrutins des législatives nationales et provinciales au mois de mars prochain, pour cette cité.

« Il y a eu une agression brutale. On a tué des gens et on a brûlé les maisons, avec des gens à l’intérieur », raconte Donald Boleli, l’un des rescapés de Yumbi.

Les causes de ces conflits sont notamment foncières et politiques, rapportait en décembre 2018 la société civile. Le décès du chef coutumier des Banunu à Kinshasa serait à l’origine du conflit. Son corps, ramené à Yumbi, a été enterré à côté de la tombe de son père. Les Batende ont protesté, estimant qu'il ne devrait pas être enterré sur leurs terres.

Au-delà de ce conflit de terres, les causes politiques ont aussi attisé le feu, avait rapporté la société civile de Yumbi. Selon elle, avant les élections remportées par Félix Tshisekedi, une majorité de membres la communauté Batende était favorable au FCC et tandis que beaucoup de ressortissants Banunu étaient pro-Lamuka. Avant les élections de 2006 et de 2011, il y avait eu encore des accrochages entre les Banunu, population majoritaire et la minorité Batende.

Les Batende et les Banunu sont deux ethnies qui cohabitent depuis longtemps. Mais ces conflits entre ces communauté ont parfois brisé les relations sociales, comme le mariage. A ce jour, plusieurs mariages interethniques se sont disloqués.

« Il existe des mariages entre les Batende et les Banunu. Mais avec ces événements, il y a eu des divorces », témoigne une habitante trouvée sur place.

Dans la cité, à côté de l’église protestante, se trouve une fosse commune. Difficile de savoir combien de corps y sont enterrés. Ce qui est sûr, c’est que le corps de l’administrateur du territoire de Yumbi est dedans. Il a été tué lors des échauffourées.

"Tout ce que les rescapés demandent, c’est l’intervention de l’Etat pour réhabiliter les maisons brûlées", a précisé Caroliche Boyama, animateur de la Radio Communautaire Yumbi. Il est l’un des rescapés.

L’administrateur du territoire intérimaire, le colonel Olivier Gasika, dépêché par la hiérarchie militaire, affirme que les enquêtes sont en cours pour déterminer les auteurs de ce drame.

De son côté, la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) promet son implication dans la réconciliation des communautés Batende et Banunu, à Yumbi.

Le commandant adjoint de la force de la Mission onusienne, Bernard Commins l’a déclaré vendredi 25 janvier, lors de sa visite dans cette partie de la RDC.

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