Motos sans plaque d’immatriculation plaques à Kinshasa : responsabilité partagée entre conducteurs et l’Etat

Environ 300 000 motos font le taxi à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), selon des chiffres de la Commission nationale de prévention routière (CNPR), fournis en 2019. Cependant, la majorité de ces motos circulent sans plaque d’immatriculation. Pour un des conducteurs de ces engins, la responsabilité est partagée entre l’Etat et eux. « D’un côté, ce sont les motards et de l’autre, c’est l’Etat », affirme jeudi 21 janvier, Henri Nzenza, enseignant de l’école primaire, qui profite de l’arrêt des cours pour faire tourner sa moto, question de nouer les deux bouts du mois.

Se déplacer à Kinshasa, est parfois un calvaire s’il faut emprunter une voiture-taxi ou un bus. Certaines artères sont quasi impraticables et les engins à quatre roues ne peuvent y accéder. C’est là qu’interviennent les motos. Elles facilitent la mobilité des Kinois d’un coin a un autre en un temps record.

Cependant, force est de constater que la plupart de conducteurs des motos prestent sans plaque d’immatriculation, susceptible de les faire identifier à toutes fins utiles.

« Je ne sais pas »

Le président de la CNPR, Jean-Remy Naanga, condamne aussi cette pratique de rouler sans être identifiés. Une situation qui concerne plus Kinshasa.

« A Bukavu, à Goma et à Lubumbashi par exemple, la plupart de motos ont des plaques, un permis de conduire temporaire et un casque.  Mais à Kinshasa, il est impossible de vérifier quel motard a enfreint aux règles de bonne conduite », se plaint-il.

A Kinshasa, les conducteurs des taxi-motos sont conscients qu’ils ne devraient pas circuler sans plaque d’immatriculation. A la question de savoir pourquoi ils ne sont pas identifiés ? L’un d’eux, Debest, répond : « Je ne sais pas. »

« Je n’ai pas de plaque et je ne comprends pas pourquoi la plupart de motos roulent sans plaque », ajoute ce conducteur qui travaille sur la ligne Kitambo-UPN.

Motards roulés

En réaction, le président de la CNPR, Jean-Remy Naanga, affirme que les motards se disent floués par l’Hôtel de ville, après avoir payé une importante somme pour l’achat des plaques qu’ils n’ont jamais reçues.

« Nous sommes en pourparlers avec le gouvernement provincial pour trouver une solution. Sous le gouverneur Andre Kimbuta, une importante somme d’argent avait été collectée auprès des motards pour l’impression de plaques qui n’ont jamais été remises. Quand on leur demande de s’enregistrer, ils refusent alléguant qu’ils ont été roulés », ajoute Jean-Remy Naanga.

C’est à ce niveau qu’intervient la responsabilité de l’Etat, qui est redevable vis-à-vis des conducteurs qui se disent lésés, fait remarquer Henri Nzenza Kalambayi.

« Pour une solution durable, l’Etat devrait installer ses agents préposés dans les magasins ou sont vendus les motos afin de persuader les potentiels acheteurs à se faire identifier sur place. Les frais à payer comprendraient notamment la TVA, le prix de la moto, la plaque et le permis de conduire. C’est aussi un autre emploi que l’Etat pourrait créer pour les autres chômeurs », propose cet enseignant du primaire.

Tous les efforts consentis par Radio Okapi, pour obtenir l’avis du service préposé à la délivrance de plaques pour motos n’ont pas abouti.

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