Pr Godefroid Kamana : « Le Congo aux Congolais était notre bataille pour l’indépendance »

« Notre bataille pour l’indépendance politique du Congo, c’était la bataille du Congo aux Congolais », a affirmé mercredi 30 juin, le philosophe et politiste congolais, Pr Godefroid Kamana. Selon lui, le combat des pères de l’indépendance pour l’accession de la RDC à souveraineté nationale et internationale avait comme combat : « le Congo pensée par les Congolais, voulu par les Congolais, avec la responsabilité des Congolais comme créateurs de leur avenir. »

61 ans après l’indépendance de la RDC, Pr Kamana pense que par rapport à 1960, l’évolution de la conscience collective congolaise n’est plus à démontrer, notamment dans le domaine politique.

Il y a eu, depuis 1960, une évolution de la conscience des Congolais dans leur manière de considérer leur pays vis-à-vis des autres. Ce qui constitue Un changement d’imaginaire énorme.

Mais, sur le plan économique, il estime qu’il va falloir que les Congolais accompagnent la vision des autorités du pays, celle d’un Congo grand et locomotive de l’intégration économique régionale.

« Economiquement, tout le monde regarde vers le Congo, et il faut que les Congolais comprennent que leur responsabilité, c’est de construire cette économie qui soit une économie de la prospérité, une économie du bonheur partagé avec tous les autres pays. Mais tant que nous n’aurons pas cette conscience-là, nous ne comprendrons pas ce à quoi sert notre indépendance pour l’Afrique et pour tous les pays africains actuellement », estime Pr Kamana.

Toutefois, il pense que l’avenir global du pays est prometteur, « pourvu que les Congolais s’inscrivent dans la vision d’un Congo, non seulement grand en termes de ses richesses, mais aussi grand avec les autres. »

1 kg de viande à moins d’un dollar : « un rêve »

61 ans après l’Independence de la RDC, il y a des avancées sur le plan économique mais avec de nombreux défis, en Ituri notamment. Parmi ces défis, il y a l’impraticabilité de plusieurs tronçons routiers qui ne facilitent pas les échanges commerciaux, le non-paiement ou la modicité des salaires des agents, l’augmentation du taux de chômage et la dévaluation de la monnaie congolaise.

Selon le témoignage de certains habitants qui gardent encore le souvenir de l’époque d’après l’indépendance, le niveau de vie de la majorité des Congolais en général et des Ituriens en particulier était meilleur.

L’agriculture était développée surtout en territoires de Djugu, Irumu et d’Aru qui étaient les greniers de la province. L’élevage et la pêche étaient également très florissants.

Un kilo de viande de vache coûtait moins d’un dollar, contre 5 USD actuellement. Les poissons frais et salés du lac Albert et les vaches de l’ituri alimentaient presque toute la République et les routes étaient praticables notamment Bunia-Kisangani.

61 ans après l’indépendance, tout cela est devenu un rêve. Même les populations riveraines ne consomment pas ou plus du poisson devenu rare.  Et consommer de la viande de vaches constitue un luxe pour beaucoup.

Ces contemporains de l’indépendance demandent aux autorités à tous les échelons de conjuguer les efforts pour améliorer les conditions de vie des congolais qui aspirent au bien-être :

« Les gens avaient des provisions de vivres, mais aujourd’hui, on vit au taux du jour comme des oiseaux. Et le taux de Franc congolais n’est pas stable. On travaille comme des esclaves parfois sans être payés. Que les autorités améliorent l’économie du pays pour que tout le monde puisse mieux vivre. »

La journée de l’indépendance se passe dans la méditation en province de l’Ituri à cause de l’insécurité et de la pandémie de Covid-19.

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