Jean-Marc Kabund : « La ville de Kinshasa est confrontée à plusieurs difficultés aujourd’hui »

Les députés nationaux élus de Kinshasa ont interpellé mercredi 11 août, les gestionnaires de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) à tous les niveaux pour mettre fin aux dérapages de tous ordres qu’ils ont constatés. Ces élus ont fait leur déclaration à l’issue de leur rencontre initiée par Jean-Marc Kabund. « La ville de Kinshasa est confrontée à plusieurs difficultés », estime le député national Jean Marc Kabund. Il a notamment énuméré les embouteillages, l’insalubrité, les constructions anarchiques et l'incivisme observé de façon générale. Selon lui, les responsabilités sont établies et sont à plusieurs niveaux entre autres : au niveau du gouvernement central, au niveau provincial mais aussi au niveau de la population. 

Il souhaite par ailleurs entrer en contact avec chaque parti pour pallier ces problèmes qui gangrènent la ville de Kinshasa. Invité de Radio Okapi ce jeudi 12 août, Jean Marc Kabund-A-Kabund a également profité de sensibiliser les honorables députés à pouvoir être proactifs, à pouvoir bien faire leur travail dans le cadre de contrôle parlementaire. Interview. 

Radio Okapi : Monsieur le député Jean Marc Kabund, Bonjour. Vous avez réuni les députés élus de Kinshasa pour brosser un certain nombre de griefs qui gangrènent la vie à Kinshasa. Pourquoi cette initiative ? 

Jean-Marc Kabund : nous sommes partis d’un constat très amer que nous avons fait sur l’ensemble de la ville de Kinshasa. 

Il faut noter que la ville de Kinshasa est confortée à plusieurs difficultés aujourd’hui notamment : l’insalubrité, les embouteillages, (donc les difficultés dans les circulations routières), les constructions anarchiques, l’insécurité avec le phénomène « Kuluna » et enlèvement à travers des voitures communément appelées « Ketch » mais aussi, il nous a été rapporté par nos électeurs d’un phénomène dénommé réseau « folio» donc réseau des mafieux qui opèrent dans le secteur judiciaires pour confisquer les parcelles, les biens immobiliers de la paisible population. 

Des gens qui sont là, ils sont très rodés, ils savent comment ils s’arrangent pour obtenir des faux jugements et dans ce réseau on y trouve : des avocats, des magistrats, ils sont là, ils vous trouvent des faux jugements pour exproprier des parcelles d’autrui et parmi les victimes on y compte plus les veuves et les orphelins qui sont victimes de cette pratique que nous décrions. Donc après avoir fait cet état de lieu, nous avons constaté qu'il y a lieu de faire quelque chose. 

Et c’est quoi ces pistes des solutions concrètes que vous envisagez ? 

Nous avons dans un premier temps décidé de rencontrer les responsables, parce qu’après avoir fait l’état de lieu, nous nous sommes rendu compte que les responsabilités sont établies et sont à plusieurs niveaux notamment : au niveau du gouvernement central, il y a des ministres sectoriels qui sont responsables de ce qui se passe actuellement à Kinshasa, au niveau provincial, le gouvernement provincial a une part de la responsabilité mais aussi la population. 

Donc chacun a une part de responsabilité dans ce qui se passe à Kinshasa et nous avons bien voulu entrer en contact avec chaque parti responsable et discuter voir comment est-ce que nous pouvons échanger enfin de trouver des pistes des solutions, ça c’est pour la première partie de la solution. 

Que comptez-vous faire face à tous les maux que vous relevez ? 

Nous avons estimé sensibiliser les responsables de la Police parce que ce qui se passe actuellement à Kinshasa ressemble à une situation de non-état ou une jungle si je peux le dire. Dans la mesure où vous vous rendez compte qu’un matin, vous vous réveillez, vous êtes dans une ville où ça roule dans tous les sens et ça crée des embouteillages mais où est l’autorité de l'État dans ce cas. Donc la police est interpellée à ce niveau-là, donc la police doit correctement jouer son rôle. Partout au monde vous ne trouverez jamais dans un carrefour deux ou trois policiers. Partout il y a qu’un seul policier dans un carrefour et il est respecté. Ici chez nous on ne respecte pas la Police, on roule comme on veut et ça crée des embouteillages, ça crée de l’insécurité sur le plan routier. 

Le plus grand problème que pose la police, c’est le manque de moyens, le manque de financement. Y avez-vous pensé ? 

Si les policiers deviennent faillibles devant les compatriotes, c’est parce qu’ils se disent ne pas avoir les moyens et ils cèdent. Oui c’est parmi les problèmes que nous avons aussi relevés, le manque des moyens. Mais est ce que nous allons rechigner ? Nous allons démissionner des responsabilités parce qu’il n’y a pas ces moyens ? Mais on peut le faire avec les moyens qu’on a. 

Mais si on a la volonté je crois que les choses peuvent bouger. Nous voulons que les choses commencent par changer. C’est vrai il n’y a pas de moyens, nous allons nous battre pour que ces moyens soient disponibles à l’endroit de la Police mais ce n'est pas pour autant que nous allons nous taire et ne rien dire. 

Une initiative à votre niveau personnel mais au niveau institutionnel, parce que vous citez les membres de l’exécutif c’est peut-être parce que les ministres ne sont pas interpellés au niveau de l’Assemblée nationale pour qu’ils puissent faire leur travail en cas de faille constatée ? 

Vous avez parfaitement raison.Je ne suis pas partisan de l’impunité. Un ministre travaille pour la République, il ne travaille pas pour son compte personnel. Et l’Assemble nationale est là, elle a pour mission de contrôler l’exécutif donc de contrôler tout ce que le ministre fait et ce n’est pas pour rien que la constitution et les règlements intérieurs de l’Assemblée nationale a prévu des mécanismes de contrôle parlementaire et des sanctions qui pourraient advenir au cas où un ministre serait jugé incompétent ou il a été trempé dans un dossier d’une manière ou d’une autre. Donc il n’y a pas d’invention et nous pensons que nous, en tant que députés nous devons jouer notre rôle. 

 

Nous répondons au peuple, Nous sommes des élus du peuple et tout ce que nous pouvons faire ne peut être fait que dans l’intérêt de ce peuple. Alors laisser un ministre qui ne fait pas bien son travail, qui est négligent, qui ne donne pas de résultats, le laisser continuer à gérer c’est comme si nous travaillons nous représentant du peuple contre le même peuple qui nous a mandaté. 

Mais alors, qu’en est-il des contrôles parlementaires ?  

Nous avons le pouvoir et l’obligation de contrôler et de sanctionner les membres du gouvernement qui sont défaillants. Je profite de votre micro pour sensibiliser les honorables députés à pouvoir être proactifs, à pouvoir bien faire leur travail dans le cadre de contrôle parlementaire. 

Quand bien même ils se diraient être bloqués par le bureau par rapport à leurs questions qu’ils introduisent. Nous allons veiller à ça, il y a des collègues qui ont introduit des actions dans le cadre du contrôle parlementaire, nous veillerons à ce que cela aboutisse. 

Propos recueillis par Billy Ivan Lutumba. 

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