RDC : plus de 90% des abus documentés dans les zones de conflit armé (ONU Info)

En dépit d’une baisse globale du nombre d’abus signalés, le nombre de victimes d’exécutions sommaires et extrajudiciaires par des groupes armés a augmenté en République démocratique du Congo (RDC), a dénoncé mardi 5 octobre la Haut-Commissaire adjointe de l’ONU aux droits de l’homme, Nada Al- Nashif. 

« La poursuite de la violence pose de graves problèmes pour la protection des civils », a déclaré devant le Conseil des droits de l’homme, Nada Al- Nashif, en présentant un rapport portant sur la période comprise entre le 1er juin 2020 et le 31 mai 2021. La grande majorité des abus et des violations des droits de l’homme continuent de se produire dans les zones de conflit armé. 

Plus de 90% des violations et abus ont été documentés dans les provinces où les groupes armés sont actifs. Il s’agit en particulier du Nord-Kivu et de l’Ituri, et dans une moindre mesure dans les provinces du Sud-Kivu et du Tanganyika. 

Mais cette insécurité dans les zones de conflit s’est également traduite par une volonté de reddition des comptes.  

« Au cours de la période considérée, au moins 107 membres des Forces armées de la RDC, 55 agents de la Police nationale congolaise et 134 membres de groupes armés ont été condamnés pour avoir commis des actes constituant des violations des droits de l’homme, notamment des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », a ajouté Nada Al- Nashif. Selon l’ONU, ces résultats sont « encourageants ». 

Des menaces contre des journalistes et les acteurs de la société civile 

Mais pour les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, il est essentiel de veiller à ce que les enquêtes et les poursuites à l’encontre des auteurs de violations continuent d’être menées conformément aux normes d’équité des procès, notamment dans la province du Kasaï, et en ce qui concerne les personnes présumées responsables de violences sexuelles. 

Sur un autre plan, le Haut-Commissariat a constaté une réduction des violations des droits civils et politiques. Cependant, le bureau a continué à recevoir des alertes concernant des attaques et des menaces contre des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et d’autres acteurs de la société civile. 

CENI : pour un processus transparent  

Alors que la RDC se dirige vers des élections nationales prévues en décembre 2023, le Haut-Commissariat encourage Kinshasa à consolider l’ouverture de l’espace démocratique observée depuis début 2019, notamment le respect du droit de réunion pacifique et de la liberté d’expression. Il s’agit aussi de veiller à ce que la réforme de la loi électorale et le processus de sélection des membres de la commission électorale soient transparents et inclusifs. 

Pourtant malgré ces promesses de détente sur le plan politique, le Dr Denis Mukwege et lauréat du prix Nobel de la Paix a rappelé que la situation des droits humains en RDC est « l’une des pires au monde ». « Personne ne peut dire que l’on ne sait pas ce qu’il se passe en RDC depuis 25 ans », a affirmé dans une allocution vidéo le chef de la clinique Panzi, dans l’est de la RDC. 

Diverses résolutions du Conseil de sécurité ont mis en lumière que « la culture de l’impunité a été et reste l’un des principaux obstacles à l’instauration de la paix en RDC ». « Cela explique en grande partie la perpétuation des atrocités de masse jusqu’à ce jour dans les provinces du Kivu et de l’Ituri », a insisté le Dr Mukwege. 

Poursuivre sa lutte contre l’impunité  

Au titre de pays concerné, les autorités congolaises ont réaffirmé la volonté du gouvernement « de sanctionner les auteurs des violations des droits de l’homme ». A ce sujet, le Ministre des Droits humains de la RDC, Fabrice Puela, a indiqué que les poursuites judiciaires des présumés auteurs de ces violations sont effectives à travers l’organisation des audiences foraines même dans les zones les plus reculées. 

C’est dans cet élan qu’il faut retenir notamment la réouverture du procès des assassins des défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ; la poursuite des audiences des présumés assassins de deux experts de l’ONU Michael Sharp et Zaïda Katalan et leurs accompagnateurs ; et la reprise du procès des présumés assassins de Rossy Mukendi », a affirmé Albert Fabrice Puela. 

Avec ONU Info 

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