L'organisation de défense des droits humains "Impunity Watch" a appelé, mercredi 8 juin, le Parlement congolais à adopter une loi sur la protection des victimes et témoins des crimes des masses.
Son chargé des programmes, Gentil Kasongo, a lancé cet appel à Kinshasa lors de la publication du rapport de recherche sur la participation des victimes et survivants des crimes graves aux processus informels de justice transitionnelle.
Le professeur Philippe Tunamsifu, de la faculté des droits à l'Université libre des pays des Grands lacs (ULPGL)/Goma, indique que les populations à la base expriment le besoin urgent de se réconcilier, en commençant par des mécanismes locaux :
« La population victime estime qu'il y a urgence à commencer à parler. On ne saura pas construire le pays, lorsqu'il y a des crimes qui ont été commis et qui restent impunis. La finalité d'avoir présenté cette recherche au niveau de Kinshasa, c'est pour sensibiliser le gouvernement d'appuyer les efforts des Barza intercommunautaire ».
A ce stade effectivement, le barza intercommunautaire joue un rôle important.
Stéphane Lupao, qui en est le secrétaire rapporteur au Nord-Kivu, signale qu’« il y a des victimes qui n'ont pas de moyens pour pouvoir saisir la justice formelle. Elles se tournent vers les Barza, qui pratiquement ne leur demandent pas de frais ».
En revanche, les victimes attendent réparation, mais surtout condamnation des auteurs.
« Moi, j'habite dans le groupement Kaniola. Je suis l'une de ceux qui ont été pillés en 2001. Mon attente est de voir l’Etat punir ces gens qui avaient pillé et qui avaient commis des violences aux filles et aux femmes », souhaite une des victimes.
Cette initiative est soutenue par le ministère des Droits humains, a signalé Joseph Mabika, conseiller en justice transitionnelle.
Pendant ce temps, l’ONG Impunity Watch plaide pour la mise en place rapide de la justice transitionnelle en RDC.
Il s’agit, selon la définition de l'ONU, de « l’éventail complet de divers processus et mécanismes mis en œuvre par une société pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé, en vue d'établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation ».
Cette enquête avait été menée en 2021 par Impunity Watch dans cinq provinces touchées par les atrocités, en collaboration avec l’ULPGL/Goma : Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Tshopo et Kasaï-Central.