RDC : décès de la musicienne Tshala Muana ce samedi à Kinshasa

L’artiste musicienne Tshala Muana est décédée ce samedi 10 décembre à Kinshasa. L’information est confirmée par ses proches qui précisent qu’elle est morte après un malaise.

Elisabeth Tshala Muana Muidikayi est morte à l’âge de 64 ans aux petites heures de ce matin à Kinshasa dans un hôpital de la place.

Cette artiste talentueuse était affectueusement appelée « la Reine du Mutwashi, la Mamu nationale » parce qu’elle a hissé plus haut le Mutwashi, la danse du folklore luba.

Fort rythmée, le Mutwashi s’accomplit avec des déhanchements successifs et harmonieux.

Tshala Muana était à la fois chanteuse, auteur-compositeur, danseuse, productrice, actrice et patronne de l’orchestre « la dynastie Mutwashi » qu’elle fonde en 2002.

Elle avait également une casquette politique. De 2000 à 2002, elle a siégé comme députée au sein de l’Assemblée constituante et législative du Parlement de transition. Avant de devenir plus tard, présidente de la Ligue des femmes du parti politique PPRD. C’est donc, en tant que militante du PPRD qu’elle sort, en 2006, un tube de campagne électorale pour le candidat à la présidentiel, Joseph Kabila. Le tube exécuté dans un rythme particulier à Tshala Muana connait un succès au-delà de la sphère politique qui en était la raison première.

Ses débuts

En 1977, Tshala Muana pénètre dans le monde musical par le biais de la chorégraphie au sein des différents groupes et finit par se fixer dans le Tcheke Tcheke Love de la chanteuse Pongo Landu, dit Pongo Love.

En 1982, Tshala Muana, encadrée par l’artiste Rachid King, décide de se lancer pour de bon dans la chanson.

Son arrivée à Paris est soulignée par la rencontre avec le guitariste et arrangeur Souzy Kaseya qui la prend en charge au plan orchestral.

« Dans un tourbillon sympathique des reprises, Tshala Muana développe une large palette de morceaux empruntés au folkore « luba » et qui possèdent, tous, une distance polie avec les émotions et une humeur plutôt drôle. Le feedback est immédiat. Kinshasa vibre sous les airs entrainants de Tshala Muana qui conquiert, vite, les cœurs des mélomanes congolais et africains », écrit Jean-Pierre François Nimy Nzonga dans son Dictionnaire des immortels de la musique congolaise moderne.

Le couronnement

Alors qu’elle portait déjà haut l’étendard de la culture Luba, en 1991, les chefs coutumiers du Kasaï se concertent et décident d’introniser Tshala Muana, officiellement « Reine du Mutwashi », au cours d’une cérémonie traditionnelle, lui confiant ainsi la lourde responsabilité de faire rayonner la culture Luba à travers le monde.  

Disposant de 19 albums à son actif, Tshala Muana obtient, en 2003, la palme de meilleure artiste féminine d’Afrique centrale au Kora Awards en Afrique du Sud.

Il s’agit des récompenses attribuées dans le domaine musical à des artistes du continent africain, à l'image des Victoires de la musique en France, ou des Grammy Awards aux États-Unis.

Son œuvre

Tshala Muana revisite les provinces du Kasai en actualisant bien des mélodies puisées du folklore luba. Elle leur apporte les ingrédients et ornementations de son génie propre ainsi que de son savoir-faire musical. Des airs entrainants constituent le gros de son répertoire qui est conçu comme une musique essentiellement de danse, peut-on lire dans l’œuvre de Nimy Nzonga.

La reine du Mutwashi laisse derrière elle un héritage musical très riche constitué des chansons de bonne facture comme Malu, Mutwashi, Tshanza, Lekela Muadi, Tshibola, Bena moyo, Seli père, Karibu Yangu, Nasi Nabali, Vuluka dilolo... et autres.

Hommage

Pour l’écrivain Jean-Pierre François Nimy Nzonga , « Tshala  Muana est une ''bête de scène''. Cette particularité qui lui vaut le sobriquet de la reine du Mutwashi l’a propulsée sur le devant de la scène du monde. Son acharnement au travail transparait dans ses chorégraphies stylées et exécutées avec minutie. La même hargne se retrouve dans les albums qu’elle a alignées... Tout cela contribue à sa prodigieuse réussite ».

L’artiste musicien et chanteur Jean Goubald Kalala « pleure une grande dame de la musique congolaise qui était également une sœur et une belle sœur pour lui ».

Ecoutez son témoignage dans cet entretien avec Jean Marc Matwaki:

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