RDC : le Pape François arrive ce mardi à Kinshasa sur fond de crise sécuritaire dans l'Est

Le Pape François arrive ce mardi 31 janvier à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo pour un voyage apostolique, initialement prévu en juillet 2022. Il se rend dans un pays qui avait déjà accueilli le pape Jean-Paul II en 1980 et 1985 et qui compte, selon le Vatican, 40% de catholiques.

Enthousiaste pour ce déplacement, il a, sur son compte twitter, salué le peuple congolais qui l’attend : « Demain [mardi 31 janvier], je partirai pour un voyage apostolique en République démocratique du Congo et en République du Soudan du Sud. Je salue avec affection ces chers peuples qui m'attendent. Je demande à chacun, s'il vous plaît, d'accompagner ce voyage par la prière ».

La CENCO lance un appel pressant aux fidèles catholiques, aux hommes et aux femmes de bonne volonté à se remobiliser pour réserver au Pasteur de l’Eglise universelle, un accueil digne de son rang.

Au moins 1 million de personnes sont attendues pour la messe qui sera dite à l’esplanade de l’aéroport de Ndolo.

Selon Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, la République démocratique du Congo est prête à accueillir le souverain pontife. Il était l’invité de l’émission Dialogue entre congolais de Radio Okapi du lundi 30 janvier.

Au sujet des préparatifs pour accueillir le Pape François, le porte-parole du gouvernement a, au cours de cette émission, précisé que le travail est fini à 90%.

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Si en 1985, le Pape Jean-Paul II était au Zaïre pour proclamer bienheureuse la sœur Anuarite Nengapeta, le pape François arrive alors que l’Est de la RDC est écumé par les groupes armés qui créent l’insécurité. Les rebelles du M23, appuyées par le Rwanda, perturbent la quiétude des habitants du Nord-Kivu.

Les miliciens de la CODECO tuent des innocents et s’attaquent même aux camps des déplacés, accentuant ainsi la souffrance de ceux qui ont tout abandonné pour sauver leurs vies. Les ADF attaquent les populations civiles et posent des bombes artisanales dans les grandes agglomérations de Beni.

Climat sécuritaire qui a entrainé l’annulation du déplacement du pape à Goma. Il va, néanmoins recevoir à Kinshasa, les victimes des atrocités et guerre de la partie orientale du pays.

Du programme

Le mardi 31 janvier, le Pape quittera Rome à 7h55 et son avion va atterrir à Kinshasa à 15h. À son arrivée, après la visite de courtoisie au Président Tshisekedi, il rencontrera les autorités, la société civile et le corps diplomatique au Palais de la Nation et y prononcera un discours.

Le lendemain, 1er février, il célébrera la messe à l’aéroport de Ndolo dans la matinée. Dans l’après-midi, il rencontrera des victimes des violences dans l’Est du pays et des représentants de certaines œuvres caritatives, l’occasion pour lui, à chaque fois, de prononcer un discours.

Le 2 février, une rencontre entre le Pape et les jeunes et les catéchistes est prévue au stade des Martyrs. L’après-midi, il participera dans la cathédrale Notre-Dame-du-Congo à une rencontre de prière avec les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les séminaristes, avant de s’entretenir en privé avec les jésuites du Congo.

Le 3 février, avant de quitter la RDC, il s’entretiendra avec les évêques congolais au siège de la CENCO. Il prendra ensuite l’avion pour Juba, la capitale du Soudan du Sud, voyage qu’il effectuera en compagnie de l’archevêque de Canterbury et du modérateur de l’assemblée générale de l’Église d’Écosse.

Au moins 7500 policiers mobilisés

Le chef de la police de la ville de Kinshasa annonce, sur la Radio Top Congo, que « 7500 policiers seront déployés à Ndolo [où le Pape François va dire sa messe devant plus d'un million de fidèles]. Il y en aura dans toutes les issues pour les fouilles. La Police va prendre des dispositions  pour permettre aux fidèles d'être bien encadrés ».

« Nous avons fait plusieurs réunions avec tous les commandants de la ville. Nous avons aussi fait une parade. On est ici tous les jours. Nous sommes prêts. Hier, nous avons fait le bouclage à Barumbu. Nous continuons à faire notre travail pour que tout se passe bien », rassure le commissaire divisionnaire adjoint.

Il demande à la population de travailler en collaboration avec la police. « Nous sommes en alerte. Que les fidèles ne viennent pas avec des sacs (à mains ou des sacs à dos) à la messe. La messe ne va durer que 2 heures du temps. Ce sont des recommandations sécuritaires », a ajouté le commissaire divisionnaire adjoint.

Une maladie qui perturbe le premier rendez-vous

Le pape François a été contraint d'annuler sa visite prévue en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud en raison de douleurs aigües au genou. Ce voyage était initialement prévu du 2 au 7 juillet 2022 et devait conduire le souverain pontife à Kinshasa, Goma et Juba.

Le pontife avait accédé à « la demande de ses médecins, afin de ne pas compromettre les résultats des thérapies du genou encore en cours », précisait le Vatican. 

Le pape avait alors envoyé le Cardinal Parolin, Secrétaire d’Etat du Saint-Siège. Il avait célébré une messe à l’esplanade du Palais du peuple à Kinshasa.

Au Vatican, le Pape François avait, le même jour, célébré une messe pour la communauté congolaise et avait appelé les Congolais à œuvrer pour la paix et la réconciliation. 

La paix au cœur des attentes

Les Congolais interrogés par Radio Okapi attendent du pape l’implication pour faire avancer le processus de paix en RDC. De Goma à Beni, en passant par Djugu et Irumu, les victimes des atrocités des groupes armés plaident pour que le pape parle de ce conflit négligé par la communauté internationale.

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Le cardinal Fridolin Ambongo avait déjà sollicité, lors de la messe célébrée par le Cardinal Parolin, l’implication du Pape François dans la restauration de la paix dans l’Est de la RDC.

« Si tous les groupes armés ne sont pas maitrisés, la RDC court tout droit vers la plus grande catastrophe humanitaire de notre temps. Voilà pourquoi nous demandons l’implication du Saint-père François pour la paix au Congo à travers le soutien à la diplomatie du bon voisinage mené par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi », avait plaidé l’archevêque de Kinshasa.

Le père Rigobert Kyungu, provincial de la compagnie de Jésus en RDC et Angola, et qui s’exprimait sur la visite en RDC du Pape François, qui est issu de cette congrégation, pense que le pape François aidera à démasquer et à dénoncer tout ce qui empêche le décollage de la RDC. Au souverain pontife, il lui demandera une plus grande implication pour que la paix revienne en RDC.

Le Nonce apostolique estime que le message du pape sera centré sur la paix.

« Le message sera je crois la condamnation de toutes les violences qui se font, même le pardon pour toutes les violences qui se font encore aujourd’hui. Je crois que c’est aussi un soutien aux processus qui ont eu lieu maintenant dans l’Est. Et on soutient pour que tous les engagements qui ont été pris dans ce processus soient effectivement respectés, qu’on puisse marcher sur le chemin de la paix et qu’on mette fin à tous les messages de haine qui divisent la population plutôt qu’aider à se réconcilier et à construire ensemble un Congo meilleur, un Congo juste, un Congo plus développé », avait recommandé Mgr Ettore Balestrero.  

Pour ce 40e voyage apostolique, le Pape revêtira son habit de « pèlerin de paix et de la réconciliation », avait-il déclaré à la foule rassemblée place Saint-Pierre, à l’issue de la prière de l’angélus, deux jours avant son départ pour Kinshasa. « Ces terres, situées au centre du grand continent africain, sont éprouvées par de longs conflits, a-t-il développé, la République démocratique du Congo souffre, surtout dans l'Est du pays, en raison d'affrontements armés et de l’exploitation, le Soudan du Sud, déchiré par des années de guerre, a hâte que cessent les violences continuelles qui obligent beaucoup de personnes à vivre déplacées et dans des conditions de grande détresse.»

De sa biographie

Jorge Mario Bergoglio. C’est le véritable nom du pape François qui a décidé de s’appeler ainsi en souvenir de l’engagement de Saint François d’Assise , lorsqu’il est choisi pape à 76 ans. C’était le 13 mars 2013 après un peu plus de vingt-quatre heures de délibérations et cinq scrutins.

L’actuel archevêque de Rome a alors la particularité d’être le premier pape non européen depuis le pape syrien Grégoire III au VIIIe siècle. Mais c’est également le premier pape issu du continent américain.

C’est justement à Bueno Aires, capitale argentine qu’il voit le jour le 17 décembre 1936. Après avoir suivi des études de chimie, de philosophie, puis de théologie, il est ordonné prêtre en 1969 à 33 ans.

À 36 ans, il devient provincial des jésuites d'Argentine puis nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires par Jean-Paul II à 50 ans en 1986. Il sera nommé archevêque de l'archidiocèse de Buenos Aires le 28 février 1998.Il a alors 62 ans. Jorge Mario Bergoglio sera proclamé pape lors du conclave convoqué alors que le pape Benoît XVI annonce le 11 février 2013 sa renonciation

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