Bunia : un enfant accusé de sorcellerie perd la vue après des tortures lors d’un exorcisme

Des organisations féminines de l’Ituri ont invité, lundi 11 septembre, la justice à sanctionner les auteurs des violences, la semaine dernière, sur un enfant accusé de sorcellerie.

Un pasteur et la tante de la victime l’ont torturé jusqu’à lui crever les yeux à l’aide d’un outil tranchant.

Pas à l'hôpital, mais dans une chambre de prière 

Selon sa mère, le petit Chance Drajima, âgé de neuf ans, se trouvait chez sa tante maternelle pour ses vacances scolaires.

Tout a commencé lorsque l’enfant s’est plaint des maux de tête.  Sa tante décide de l’amener dans une église de réveil appelée « Corps du Christ » au quartier Lembabo.

L’enfant est alors accusé de sorcellerie par le pasteur. Ce dernier le conduit dans une chambre de prière. Là, il est violenté, roué de coups.

D’après la mère de l’enfant, ce geste a été ordonné par le pasteur qui prétendait vouloir exorciser le petit.

Brûlures sur tout le corps et tous les yeux crevés

Sa tante récupère ensuite une clé et arrache les yeux du jeune garçon.

Alertée, la mère de la victime arrive sur le lieu du drame. Elle conduit son fils à l’hôpital. Le médecin constate que les yeux de l’enfant sont complètement crevés.

« Quand je suis arrivée sur le lieu de l’incident, les gens commençaient à m’adresser des condoléances. Je ne comprenais pas de quoi il s’agissait. Quand j’ai vu l’enfant, il avait des brulures sur le corps, tous les yeux arrachés, les médecins sont inquiets », raconte la mère affligée.

Elle ne croyait pas sa sœur capable d’une telle violence, affirme-t-elle.

Un procès public et exemplaire 

Cette tragédie a provoqué l’émoi et la colère dans la ville de Bunia. L’ONG Réseau des associations pour la défense des droits humains en Ituri (RADHIT) a condamné cet acte et exigé des sanctions sévères contre les auteurs.

« Cette situation nous préoccupe à un très haut niveau. Nous voulons que les criminels soient condamnés et que le jugement se passe en public », a martelé la coordonnatrice provinciale de RADHIT, Jeanine Kabiahura.

Le pasteur et la tante de l’enfant sont appréhendés et transférés à la prison centrale de Bunia.

Le collectif des femmes de l’Ituri souhaite que leur procès soit public, pour servir d’exemple aux autres.

 

 

 

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