Impayés depuis 10 ans, 70 greffiers du ressort de la Cour d’Appel de l’Ituri en grève

Au moins 70 greffiers relevant de la Cour d’appel de l’Ituri ont entamé, lundi 12 mai 2025, une grève sèche et illimitée pour dénoncer dix années sans salaire ni prime, ainsi que le blocage de leur avancement professionnel. Rassemblés devant la salle d’audience du tribunal de grande instance de Bunia, ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Pas d’activités, les greffiers sont en grève ».

Dans leurs déclarations à la presse, ces auxiliaires de justice, pour la plupart titulaires de numéros matricules, affirment n’avoir perçu aucune rémunération depuis plus d’une décennie. Ils exigent une régularisation immédiate de leur situation salariale par les autorités compétentes, faute de quoi ils refusent de reprendre le travail.

 Selon le syndicat des greffiers, seuls 15 % d’entre eux touchent actuellement un salaire ou une prime, tandis que la majorité demeure sans aucune ressource. De plus, aucun avancement en grade n’a été enregistré depuis plus de dix ans, en violation de la législation qui prévoit une promotion tous les trois ans pour les agents de l’administration publique.

Jojo Lisala, président du syndicat des greffiers de l’Ituri, déplore le silence persistant des autorités face à leurs multiples revendications. Il souligne que certains greffiers cumulent plus de trente ans de service sans jamais avoir été rémunérés, malgré la richesse générée par la province, dont la rétrocession reste inexistante.

« Depuis plus de dix ans, nous n’avons pas non plus bénéficié d’avancement de grade, alors que la loi prévoit une promotion tous les trois ans pour les agents de l’administration publique. On se demande si nous faisons partie d’une administration à part »

Impacte de la grève

La paralysie de la justice est immédiate : le tribunal ne peut siéger sans la présence des greffiers, ce qui pénalise gravement les justiciables. Des voix s’élèvent pour réclamer une intervention rapide des autorités afin de débloquer la situation et permettre la reprise du traitement des dossiers en souffrance.

Les conséquences de ce mouvement de grève se font déjà sentir. Deogratias Kakani, défenseur judiciaire, déplore l’impact de cette grève sur le fonctionnement de l’appareil judiciaire :

« Imaginez, nous sommes lundi, nous étions venus pour des audiences de plaidoirie, l’audition de témoins, des comparutions. Désormais, rien ne peut se tenir à cause de la grève des greffiers. Nous sommes lésés. Que toutes les autorités compétentes s’impliquent dans la résolution de la situation des greffiers, pour lever les motifs de leur grève ».

Les tentatives pour obtenir une réaction du premier président de la Cour d’appel de l’Ituri sont restées vaines jusqu’à présent.

 

Lire aussi sur radiookapi.net: