La République démocratique du Congo entame, du 26 au 28 juin 2025, la deuxième phase de sa campagne de vaccination contre la poliomyélite. Près de 11 millions d’enfants sont attendus dans plusieurs provinces du pays.
Selon les autorités sanitaires, les enfants âgés de 0 à 5 ans seront vaccinés dans les provinces de Kinshasa, Tanganyika, Haut-Lomami, Kongo Central et Haut-Katanga. En parallèle, ceux âgés de 0 à 15 ans recevront le vaccin dans la Tshopo et le Maniema.
La campagne de vaccination contre la poliomyélite a officiellement démarré mercredi dans la province du Maniema. Cette opération de trois jours cible plus de 800 000 enfants âgés de 0 à 14 ans révolus répartis dans six zones de santé : Alunguli, Kailo, Kindu, Lubutu, Ferekeni et Obokote.
La même campagne se déroule à Kinshasa, où elle vise à immuniser plus de 3,2 millions d'enfants âgés de 0 à 59 mois.
Dr Élisabeth Mukamba, coordinatrice du Comité des opérations d’urgence Polio en RDC, insiste sur l’importance de la mobilisation collective : « Le poliovirus variant circule encore. Lorsqu’il existe des poches de population insuffisamment vaccinées, ce sont les enfants qui en souffrent. Il se développe et peut entraîner la paralysie. Donc, nous avons des efforts communs à faire. Vacciner un enfant avec une bonne immunité protège aussi les autres enfants ».
Elle rappelle qu’une bonne couverture vaccinale protège non seulement chaque enfant, mais aussi l’ensemble de la communauté :
« Nous sommes à quelques doigts d’arrêter la circulation du poliovirus, pour prétendre à l'arrêt, à l'éradication de la poliomyélite. La fatigue ne doit pas avoir sa place. Protéger un enfant, c’est protéger tous les enfants », ajoute-t-elle.
Les autorités appellent donc les parents, les leaders communautaires et tous les acteurs concernés à s’engager pleinement pour atteindre l’objectif ultime : l’éradication de la poliomyélite sur l’ensemble du territoire congolais.
Dr Elisabeth Mukamba s’entretient avec Kelvin Baeni :
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A Kinshasa, l'engagement est palpable. Une mère de famille, parmi les premières à faire vacciner ses enfants, témoigne de sa conviction :
« Moi, je n'ai plus de doute quant à l'efficacité des vaccins. Je fais vacciner désormais tous mes enfants pour qu'ils grandissent en bonne santé. J'invite aussi les autres parents à bien accueillir les vaccinateurs. C'est pour le bien des enfants. Les vaccins aident beaucoup ».
L'engagement des vaccinateurs est également sans faille, comme l'explique Louise Woto, une vaccinatrice dévouée :
« Nous, en tant que vaccinateurs et vaccinatrices, sommes au service des enfants. Les vaccins que nous vous apportons sont bons pour la santé des enfants. Nous connaissons les conséquences si on ne prend pas de vaccin. Dans le temps, il y a eu beaucoup d'enfants qui sont paralysés par la maladie, c'est pourquoi nous nous engageons dans cette lutte pour éradiquer la maladie ».
Cette initiative marque la deuxième phase d'une opération nationale d'envergure, destinée à éradiquer totalement cette maladie en République démocratique du Congo. Elle fait suite à une première phase organisée du 10 au 12 avril dernier dans les mêmes provinces.
Ailleurs, l'insécurité prive l'accès aux vaccins essentiels
Malgré ces efforts louables dans les grandes villes et localités accessibles, la situation est dramatique dans d'autres régions du pays, où l'insécurité règne. Dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, des centaines d'enfants déplacés vivent sans accès aux vaccins essentiels en raison de l'instabilité persistante. Des zones comme Bunyakiri et Ziralo sont particulièrement touchées, où les agents de santé luttent quotidiennement pour acheminer les doses.
Le manque de moyens logistiques est criant. Dans certains cas, des infirmiers avouent devoir parcourir à pied plus de 80 kilomètres pour atteindre le centre d'approvisionnement de Bulambika. L'insuffisance des doses disponibles et la présence menaçante de groupes armés rendent l'accès aux soins encore plus périlleux, voire impossible.
Cette situation accroît le risque d'épidémies de maladies évitables, telles que la rougeole, la poliomyélite ou le tétanos, menaçant la vie de nombreux enfants vulnérables. Selon plusieurs experts de la santé, elle constitue une violation flagrante des droits fondamentaux des enfants, tels que garantis par la loi congolaise et la Convention internationale relative aux droits de l'enfant.
Face à cette crise humanitaire, les professionnels de santé sur le terrain lancent un appel pressant au gouvernement et aux organisations non gouvernementales pour surmonter les défis sécuritaires et logistiques qui continuent de priver des milliers d'enfants de leur droit fondamental à la santé dans les régions les plus fragiles du pays.