4 morts parmi les forces de sécurité après une insurrection des Wazalendo à Kindu

Le bilan se précise après des échauffourées, jeudi 15 aout, entre les forces de sécurité et les combattants locaux, Wazalendo dans la ville de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema. L’armée a annoncée vendredi, la mort de deux policiers et deux militaires lors de cet incident sécuritaire.  

Au lendemain d’une agression des forces de défense et sécurité par un groupe de Wazalendo, le lieutenant Meya Gbe Jérémie, porte-parole du secteur opérationnel Sokola 2 Nord-Kivu, a publié un bilan humain lourd : quatre morts du côté des forces de l’ordre, dont deux policiers et deux militaires, ainsi que quatre blessés. Du côté des assaillants, cinq morts et plusieurs blessés ont été recensés.

Une attaque ciblée contre une délégation officielle

Les affrontements ont éclaté dans le quartier Tokolote, commune de Mikelenge, où les Wazalendo, sous le commandement de Amani Huseni Josué alias Saddam, ont lancé une attaque contre une délégation mixte FARDC-PNC conduite par le ministre provincial de l’Intérieur. Cette délégation avait été dépêchée sur ordre de l’autorité provinciale pour tenter de ramener le calme et engager le dialogue avec ces combattants locaux en colère.

Cependant, en chemin, les forces ont été surprises par une embuscade, les assaillants ayant préalablement ravi des armes de guerre au sous-commissariat de Katako. La riposte des forces de l’ordre a été immédiate, mais elle n’a pu empêcher les pertes humaines et les dégâts matériels, a fait savoir le porte-parole militaire.

"Cette attaque surprise va obliger les forces de l'ordre à riposter causant des victimes et dégâts collatéraux", a-t-il déclaré.

Le lieutenant Meya a dénoncé les motivations fallacieuses des insurgés, qui auraient agi sous prétexte de l’arrestation du fils de leur chef, une information qualifiée de fausse par les autorités. Il a également souligné la transformation du mouvement Wazalendo en groupe hors-la-loi, remettant en cause les institutions établies et menaçant la stabilité locale.

La situation reste tendue à Kindu où les autorités ont décrété un couvre-feu, et appellent à la vigilance et à la coopération de la population pour éviter une nouvelle flambée de violence.

Des milices d’autodéfense devenues incontrôlables

Les Wazalendo sont, pour la plupart, des membres de groupes armés locaux devenus supplétifs de l’armée, chargés de contrer l’avancée vers le Maniema de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda et active dans les provinces voisines du Kivu. Initialement perçus comme des groupes d’autodéfense populaires, les Wazalendo ont progressivement adopté une posture plus insurrectionnelle, notamment dans les territoires de Lubutu et Kibombo, et plus récemment dans la ville de Kindu.

La quasi-totalité des territoires du Maniema est aujourd’hui marquée par la présence visible des combattants Wazalendo. Leur influence s’est étendue, souvent en dehors de tout cadre légal ou militaire officiel. Des rapports alarmants font état de tortures, extorsions, pillages et autres abus commis par certains éléments de ce groupe.

Face à cette situation, l’Assemblée provinciale a auditionné, en mai dernier, le ministre provincial de l’Intérieur, Taylor Lawamo Selemani. Devant les élus du peuple, le ministre a affirmé avoir engagé des discussions avec la haute hiérarchie des Wazalendo afin de trouver une solution appropriée à cette crise sécuritaire.

À cette occasion, les députés ont plaidé pour un appui du gouvernement national, afin d’apporter une réponse efficace à la situation qui prévaut dans la province du Maniema.

Mais un mois plus tard, un nouvel incident impliquant les Wazalendo a provoqué un déplacement massif de la population. Les habitants de Kayuyu, chef-lieu du secteur des Wakabango 2, ont fui leurs villages à la suite d’altercations entre combattants Wazalendo et certains résidents de la région.

 

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