Une vive polémique oppose depuis près de deux ans l’Association des maraîchers de la ville de Matadi (AMAKI) au diocèse de Matadi, autour du site agricole de Kinkanda-Safari, situé dans la province du Kongo-Central. Ce conflit foncier, qui prend de l’ampleur, a conduit au délogement de plus de cinquante maraichers, aujourd’hui plongées dans une précarité alarmante.
Deux versions, deux titres de propriété
Dans une lettre adressée aux autorités provinciales, AMAKI accuse le diocèse d’avoir accaparé illégalement le terrain de 67 hectares, utilisé depuis 1976 pour la culture maraîchère. L’association affirme détenir une ordonnance et un arrêté du gouverneur de l’époque, attestant de l’acquisition légale du site.
« Nous avons occupé ce terrain depuis octobre 1976, sans conflit. Il a permis d’alimenter Matadi en légumes pendant des décennies », rappelle Florent Floribert Diban’d Kavulu, coordonnateur de l’AMAKI.
De son côté, le diocèse de Matadi, par la voix de son président du bureau juridique, soutient que le droit a été dit sur cette affaire, affirmant que l’Église détient également des documents légaux prouvant sa propriété sur le site.
AMAKI dénonce une série d’abus :
- destruction des cultures
- séquestration du site
- arrestations arbitraires
- déguerpissement forcé.
Ces événements ont eu pour conséquence directe la perte de moyens de subsistance pour des dizaines de familles, incapables désormais de nourrir, soigner ou scolariser leurs enfants.
Le conflit aurait été exacerbé, selon AMAKI, par la complicité présumée entre le diocèse et un ancien conservateur des titres fonciers, qui aurait délivré un certificat en violation de la loi.
Face à cette impasse, les maraîchers appellent les autorités provinciales à intervenir de manière impartiale pour clarifier la situation foncière et éviter une crise sociale plus large.