Kinshasa: Pétronelle Kangaj diplômée d’Etat à 58 ans


Après son diplôme d'Etat, Pétronelle Kangaj envisage d'aller à l'université

Elle s’appelle Pétronelle Kangaj Chiman Irung. A 58 ans, cette mère de sept enfants vient de décrocher son diplôme d’Etat (baccalauréat) en pédagogie générale avec 66%. «J’attendais que mon dernier enfant termine ses études pour rentrer aussi aux études. Il a terminé son graduat à l’ISPT (Institut supérieur pédagogique technique) et c’est lui qui est devenu mon répétiteur de Math-physique, et Biochimie », affirme-t-elle l’air enjoué. Retour sur le parcours de cette lauréate particulière.

Pétronelle Kangaj se marie à 19 ans. A l’époque, elle est en quatrième secondaire. Les devoirs d’épouse puis de mère l’obligent à arrêter ses études.

Les années passent, mais Pétronelle caresse toujours le rêve de poursuivre ses études. Parent attentionné, elle réussit à scolariser tous ses enfants.

Du jour au lendemain, elle sent une fracture intellectuelle se poser entre elle et ses enfants. Seule façon de la combler : rentrer aux études.

En 2006, alors que son fils cadet achève ses humanités, Pétronelle décide de rentrer sur le banc de l’école. Elle obtient une inscription en troisième secondaire comme élève régulière au Collège Bosembo de Kinshasa.

La question de sa socialisation se pose alors. Elle a 54 ans et doit fréquenter l’école avec des jeunes de 15, 16 ou 17 ans.

Son âge ne constitue pas un obstacle sur son chemin. Elle s’en sort plutôt bien au point que ses jeunes condisciples s’inspirent d’elle.

«En tant que grand-mère, je devais être toujours le modèle. Ils me voyaient tantôt collègue, tantôt maman ou grand-mère», raconte-t-elle toute souriante à propos de ses camarades de classe.

Au final, elle obtient 66% à l’examen d’Etat. Une belle réussite, diront certains. Mais pas assez comparée à l’ambition de la lauréate.

« Tout le long du parcours, j’ai toujours eu 70%. Mon mari s’attendait, d’ailleurs, que j’obtienne 70% mais nous sommes surpris de ce pourcentage », affirme Pétronelle avec une pincée de tristesse.

Bientôt sexagénaire, mais pas trop âgée pour ne pas entrevoir les études universitaires.

« A 58 ans, si je peux ajouter trois ans, ça ne sera pas trop tard », affirme Pétronelle Kangaj Irung fière de sa réussite.