Kamako: les expulsions des Congolais d’Angola se poursuivent dans la violation des droits de l'homme

Un Congolais en instance d'expulsion blessé et trainé sur un engin dans la ville angolaise de Dundo (Ph. archives, Site Kamako)Un Congolais en instance d’expulsion blessé et trainé sur un engin dans la ville angolaise de Dundo (Ph. archives, Site Kamako)

Un Congolais en instance d'expulsion blessé et trainé sur un engin dans la ville angolaise de Dundo (Ph. archives, Site Kamako)

Les conditions d’expulsion des Congolais d’Angola restent à ce jour inchangées. A Kamako (Kasaï occidental) par exemple, les expulsés rencontrés, lundi 10 janvier, ont témoigné sur les mauvais traitements qu’ils ont subis. Il s’agit surtout des services psychologiques et corporels infligés par les forces angolaises pendant les opérations d’arrestation et d’expulsion. 

Les statistiques, confirmées par les organisations citoyennes de Kamako, font état d’au moins vingt cinq mille expulsés en 2010 au Kasaï occidental. Mais, il apparaît difficile, à ce jour, de déterminer le nombre exact de ces expulsés parce que les expulsions se sont poursuivies au-delà de décembre 2010. Et de nombreux témoins ont affirmé qu’elles sont même devenues quotidiennes depuis plusieurs mois déjà.

Les vrais chiffres devraient donc en principe varier entre trente cinq et quarante mille expulsés, selon d’autres témoins. Ces derniers indiquent que, depuis plusieurs mois, les forces angolaises ont expulsé pas moins de 100 personnes par jour vers les portes officielles du Kasaï occidental:

  1. Mayanda
  2. Kanjaji
  3. Kamako.

D’autres expulsions ont continué à s’opérer en permanence plutôt clandestinement, indiquent des sources sur place.

S’agissant de la maltraitance des Congolais expulsés d’Angola, les victimes elles-mêmes parlent de bastonnades systématiques, de violences sexuelles, fouilles intimes, viols opérés aussi bien sur les jeunes que sur des personnes d’âge avancé, sur des femmes et des hommes. Ces expulsés ont même évoqué des cas d’assassinats. Parmi les expulsés rencontrés à Kamako dans le territoire de Tshikapa, beaucoup portent sur leurs corps des marques nettement visibles de violences corporelles.

Deux femmes, expulsées d’Angola témoignent :

« Je suis partie en Angola pour retrouver mon mari qui se trouvait là-bas. Je ne l’avais pas encore rejoint lorsque j’ai été appréhendée en chemin dans le territoire angolais. Lors de mon expulsion, j’ai été victime de coups et blessures. J’ai même été violée. C’est une personne de bonne volonté qui m’a apporté les premiers soins. J’ai décidé de ne plus me rendre en Angola. »

« Moi je suis partie en Angola pour tenter d’avoir de meilleures conditions de vie.  J’étais déjà installée à Lukapa. J’ai été arrêtée et expulsée. D’autres [Congolais] n’ont pas eu la même chance que moi. Ils sont décédés en cours de route. La seule chose qui m’intéresse à présent, c’est d’avoir les nouvelles de mon mari qui est resté en Angola.»

Le gouvernement congolais, à ce sujet, soutient un avis assez différent sur certains éléments de cette information. Il estime que le nombre d’expulsés est inférieur à ceux que véhiculent les médias et les humanitaires. Pour ce qui est de la brutalité constatée lors des expulsions et le non-respect de l’accord sur les expulsions, les autorités congolaises affirment que les discussions entre Luanda et Kinshasa vont bientôt régler cette question.