Elections présidentielle et législatives en RDC: peut-on les organiser à des dates différentes ?

L’éventualité d’organiser à des dates différentes les élections présidentielle et législatives prévues le 28 novembre 2011 divise la classe politique congolaise. La question est de nouveau soulevée après que le président de la Commission électorale indépendante (Ceni), Ngoy Mulunda a déclaré, après une réunion avec le vice-Premier ministre Adolphe Lumanu, qu’il n’écarte pas l’éventualité de « découpler » l’élection présidentielle des élections législatives.

Réagissant à cette déclaration, Jean-Lucien Busa, député du Mouvement de libération du Congo (MLC), affirme que ce débat a déjà eu lieu à l’Assemblée nationale.

«Les députés à l’unanimité avaient dit que le « découplage » ne permettrait pas d’avoir des élections apaisées et transparentes. Connaissant la classe politique congolaise, il suffit d’élire d’abord un président de la République pour voir tous les élus adhérer à sa plate-forme politique », indique-t-il.

Le député du MLC pense que le président de la Ceni ne doit pas aller à l’encontre d’une option levée par les représentants du peuple.

De son côté, le président du RCD, Azarias Ruberwa juge quela Ceni a volontairement traîné les pieds. Il estime, par exemple, que le dépôt tardif du projet des annexes de la loi électorale devait avoir une incidence sur l’organisation de la présidentielle et des législatives à la même date.

« Le président de la Ceni savait que le Parlement, en vacances, ne pouvait pas adopter ces annexes. Tout ceci n’est qu’une stratégie de la Ceni pour séparer l’élection présidentielle des élections législatives », pense-t-il.

La déclaration de Ngoy Mulunda : une pression

Le sénateur Henri-Thomas Lokondo de la majorité est d’avis que la déclaration du président de la Ceni est un moyen de pression sur le parlement.

Toutefois, il admet qu’elle est inappropriée puisque ayant été faite lorsque Daniel Ngoy Mulunda avait déposé le projet des annexes de la loi électorale auprès du vice-Premier ministre de l’Intérieur Adolphe Lumanu.

« La Ceni avait pris contact avec la classe politique et la société civile pour décider de « coupler » l’élection présidentielle et les élections législatives. Il faut qu’il y ait aussi des concertations pour les « découpler» », conclut-il.

Interprétant les propos de Ngoy Mulunda, Célestin Tunda, cadre du parti présidentiel le PPRD, indique que le souci du président de la Ceni d’arriver au bout du processus électoral à la date constitutionnelle est noble.

« Mais, il ne faudrait pas imputer le retard que subirait le processus électoral à des personnes qui ne sont pas responsables », défend-il faisant allusion aux parlementaires.

La déclaration de Ngoy Mulunda : ni un ordre ni une menace

Pour le vice-président de la Ceni, Jacques Djoli, il faut interpréter l’appel de Ngoy Mulunda comme une simple invitation, aux parlementaires, de bien vouloir intégrer dans leur travail la dimension du respect du calendrier électoral publié par la Ceni.

«Il ne s’agit nullement d’une menace ni d’un ordre,» rassure-t-il.

Il rappelle, par ailleurs, que l’organisation des élections présidentielle et législatives à une même date a été décidée après concertation entre tous les partenaires politiques.

« Mais si aujourd’hui un partenaire ne parvient pas à remplir sa part, nous nous mettrons ensemble pour prendre la décision qui s’impose », ajoute-t-il.