Guerre dans l’Est : Vital Kamerhe rejette l'option militaire

Vital Kamerhe le 5/10/2012 à Kinshasa, lors d’une déclaration politique. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

« Aucune opération militaire n’a porté des solutions escomptées sur le territoire congolais ». C’est la substance du message de Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC). Dans une déclaration à la presse vendredi 5 octobre à Kinshasa, l’ancien président de l’Assemblée nationale recommande des solutions pacifiques et invite le président de la République à favoriser le dialogue national inclusif de tous les Congolais autour des guerres à répétitions dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Le Mouvement du 23 mars (M23) a déclenché une rébellion depuis le mois de mai au Nord-Kivu. ce mouvement insurrectionnel revendique l’application des accords du 23 mars 2009 signé entre le gouvernement et les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (NCDP) du général Laurent Nkunda.

Au cours d’une visite à Goma, le Premier ministre, Matata Ponyo, avait promis de rétablir la paix dans cette partie de la RDC, en excluant toute option de négociation avec les rebelles, promettant que le gouvernement allait mettre à la disposition des FARDC tous les moyens militaires nécessaires pour combattre le M23 et mettre militairement fin à la guerre au Nord-Kivu.

Le chef de l’Etat, Joseph Kabila, avait pour sa part, dans une déclaration à la presse, promis le retour de la paix dans cette région, en proposant des options diplomatiques, militaire ou politique ou alors la combinaison des trois.

Pour Vital Kamerhe, le chef de l’Etat devrait impliquer tous les Congolais dans la résolution de la crise et donner des signaux forts « en toute humilité » de sa détermination et de son engagement pour la cohésion nationale.

« A titre d’exemple, il peut rendre une visite surprise à Etienne Tshisekedi. L’écouter, le rassurer, lever le quorum sécuritaire devant son domicile. Cet homme s’est beaucoup battu pour la démocratie dans notre pays. Il ne mérite pas ce traitement humiliant qu’il subit actuellement. Le président peut aussi rendre une visite  surprise au cardinal Laurent Monsengwo Pasinya », a affirmé Vital Kamerhe.

Etienne Tshisekedi a toujours contesté les résultats des élections du 28 novembre dernier, à l’issue desquelles Joseph Kabila a été proclamé président avec 48,09%. Avec 32,33% le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’est autoproclamé président de la République. Cette position a été soutenue par le cardinal Monsengwo qui a toujours demandé à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de donner les « vrais » résultats des élections.

Face aux différentes annonces de prestation de serment d’Etienne Tshisekedi au mois de décembre, le gouvernement avait déployé un dispositif des policiers devant sa résidence. Son parti et des ONG de défense des droits de l’homme ont toujours qualifié ce déploiement des policiers de « résidence surveillée. » Ce que le gouvernement n’a jamais accepté, parlant de « protection » du leader de l’opposition.

Dans sa déclaration à la presse, Vital Kamerhe a aussi recommandé au gouvernement de faire une demande officielle à la Cour pénale internationale (CPI) pour clôturer le dossier Jean-Pierre Bemba détenu à la Haye depuis 2007. Il est accusé des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Il a terminé en deuxième position lors de la présidentielle de 2006, remportée par Joseph Kabila.

Rien de nouveau

C’est en ces termes que le porte-parole intérimaire, Kin-Key Mulumba, a réagi aux déclarations de Vital Kamerhe.

« Je n’ai rien entendu de nouveau qui aient pu être dit. Le président de la République a toujours dit que la solution à la crise à l’Est passera par trois voies : politique, diplomatique et militaire », a affirmé le ministre des Postes, téléphones et télécommunications.

Quant à la visite du président de la République à Etienne Tshisekedi, le ministre Kin-Key Mulumba dit ne pas comprendre le sens de la demande de Vital Kamerhe.

« Etienne Tshisekedi est un congolais. Il est le président de l’UDPS et il a entrpris des démarches pour voir François Hollande. Le président français est libre de rencontrer qui il veut et le gouvernement ne l’en empêchera pas », a ajouté Kin-Key Mulumba.

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