L’Institut interculturel dans la région de Grand lacs, Pole Institute, s’oppose à l’idée d’un partage de pouvoir entre le gouvernement et les rebelles du M23 aux négociations de Kampala (Ouganda). Au cours d’un point de presse tenu dimanche 20 janvier à Kinshasa, le président de cette organisation citoyenne, Ka Mana, a invité les deux parties à respecter un cessez-le-feu sur la ligne de front.
«Les pourparlers de Kampala ne résoudront aucun problème, s’ils ne sont qu’un partage des postes au gouvernement, dans l’armée et dans l’administration», prévient-il.
Pour Ka Mana, «les négociations de Kampala doivent tenir compte des préoccupations de la population congolaise et des vrais problèmes de la RDC».
Le président de Pole Institute a indiqué que les vrais problèmes du pays sont notamment la gouvernance, la décentralisation et la sécurité qui permettra au «Congolais de faire éclore son génie».
Il appelle la population congolaise à se prendre en charge. «Le destin du pays n’est pas entre les mains de quelques personnes, ni de ceux qui dirigent, ni des personnes qui se présentent du côté du M23 comme des sauveurs possibles, ni du côté de qui que ce soit qui croirait avoir une solution en dehors de ce que le peuple présente comme aspiration», soutient Ka Mana.
Début janvier 2013, la population du Nord-Kivu, province qui a été pendant huit mois le théâtre d’affrontements entre l’armée et les rebelles du M23, avait également refusé que le forum de Kampala se transforme à un cadre de partage de pouvoir.
Selon le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, la population du Nord-Kivu s’oppose également à «toute signature de cessez-le-feu» entre l’armée nationale et le M23.
Toujours selon cette société civile, la population avait recommandé que ces discussions soient délocalisées de l’Ouganda, «d’autant plus que cet Etat n’assure plus la résidence de la CIRGL et considérant son allégeance avec le M23».
Débutées le 9 décembre 2012, les discussions entre le gouvernement congolais et le M23 devraient porter sur l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009, signé par le gouvernement congolais et l’ancienne rébellion du Congrès pour la défense du peuple (CNDP) d’où la plupart des dirigeants de cette rébellion sont issus.
Cet accord prévoyait notamment l’intégration des dirigeants militaires du CNDP dans l’armée et la police avec leurs grades ainsi que l’octroi des postes dans l’administration aux responsables civils rebelles.
Mais les rebelles du M23 ont élargi leurs revendications, réclamant même la mise en place d’un Conseil national de transition pour remplacer toutes les institutions de la RDC jusqu’à l’organisation de nouvelles élections.
Revendications que le gouvernement a qualifiées de «vaste blague». Le chef de groupe d’experts de la délégation gouvernementale à Kampala, l’Abbé Apollinaire Malu Malu Moholongu, a notamment indiqué que les assises de Kampala ne sont pas là pour «remettre en cause l’ordre constitutionnel et institutionnel de la République démocratique du Congo».
Selon lui, ces pourparlers ont pour objectifs : «Savoir pourquoi le M23 a pris les armes en violation de la constitution de la République et trouver les pistes de solutions».
Les négociations de Kampala ont été obtenues par les rebelles du M23 en contrepartie de leur retrait de la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, qu’ils ont occupé pendant une dizaine de jours à la fin du mois de novembre 2012.
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