RDC: des professeurs de l’Université de Kinshasa s’opposent à la révision constitutionnelle

Des professeurs de l’Université de Kinshasa(Unikin) le 2/11/2011, lors d’une assemblée générale de leur association en sigle Apukin. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

L’Association des professeurs de l’Université de Kinshasa (Apukin) plaide pour des concertations nationales inclusives, auxquelles elle voudrait apporter son expertise scientifique. Dans une déclaration rendue publique vendredi 5 juillet, elle se dit opposée à toute tentative de révision constitutionnelle. L’Apukin a par ailleurs réaffirmé sa vive préoccupation par rapport à la situation de guerre et de crise de légitimité qui prévaut en RDC.

Pour l’Apukin, la réorganisation d’une élection démocratique et crédible demeure le moyen nécessaire «pour mettre fin à la crise de légitimité» institutionnelle en RDC. Le pouvoir en place estime qu’il n’y a pas de crise de légitimité. L’Opposition affirme le contraire, arguant que le double scrutin du 28 novembre, qui a consacré la réélection du président Joseph Kabila, était entaché de fraudes et de beaucoup d’irrégularités.

Dans sa déclaration, l’Apukin se dit fermement opposée à toute tentative de révision constitutionnelle.

«Etant donné les tensions et suspicions provoquées par la dernière révision constitutionnelle, [nous] recommandons de mettre fin aux révisions intempestives et sur mesure pour les besoins de certaines causes», a déclaré le professeur Mbadu, rapporteur de l’Apukin.

La révision constitutionnelle n’est pas encore annoncée officiellement. Mais, le débat est relancé sur la scène publique depuis que le professeur Evariste Boshab, ancien président de l’Assemblée nationale et secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, le parti présidentiel) a publié son ouvrage « Entre révision de la constitution et l’inanition de la nation ». Ce débat fait susciter des craintes sur une éventuelle tentative de révision de l’article 220 de la constitution, réputée irréformable, et qui porte sur le nombre, la durée des mandats du président de la République et la forme de l’Etat.

Pour promouvoir la cohésion nationale et mettre fin à la crise multiforme qui fragilise la RDC, l’Apukin prône un dialogue national inclusif. «Dores-et-déjà, l’Apukin offre volontiers son expertise dans la préparation et la tenue dudit dialogue», a annoncé le professeur Mbadu.

L’Apukin plaide par ailleurs pour la réforme effective de l’armée, et dénonce les infiltrations auxquelles sont soumis les services de sécurité. «[Nous] condamnons énergiquement toute politique de mixage et de brassage des troupes, qui constitue un obstacle majeur à la formation d’une armée républicaine et forte », a poursuivi la même source.

Pour l’Apukin, le peuple congolais doit vaincre la peur et s’unir pour la défense du pays, même au prix du sang. Elle dit condamner toute négociation avec les rebelles du M23, car selon elle, «l’accord du 23 mars 2009 viole l’indépendance et la souveraineté de la RDC » et consacre le processus de sa balkanisation.

La situation de guerre qui dure dans l’Est du pays, selon les membres de l’Apukin,  constitue une stratégie utilisée par le Rwanda et l’Ouganda pour infiltrer progressivement toutes les institutions de la RDC.