L’Association africaine des droits de l’homme (Asadho) dénonce un monnayage de l’obtention de l’amnistie pour faits insurrectionnels, près d’une semaine après que la justice en ait défini les conditions. Au cours d’une conférence de presse tenue mardi 11 mars au centre Carter à Kinshasa, l’Association africaine des droits de l’homme parle de personnes qui passent de prison en prisons pour établir une liste «partiale» de candidats à cette amnistie. L’Asadho rapporte en outre la plainte d’un parent d’Udjani, meneur de l’insurrection du MLIA dans la province de l’Equateur, qui dénonce le rejet de la candidature de son fils à cette amnistie.
Le président de l’Asadho, Me Jean-Claude Katende, appelle les autorités congolaises à mettre fin à ce monnayage, dont il ne cite pas les auteurs. Selon lui, certaines personnes profitent de ce genre d’opportunités pour recevoir des pots de vin.
«Ce que nous voulons, c’est que cette liste soit établie de manière à ce que le ministère de la Justice soit intéressé, et que les organisations de defense des droits de l’homme et les journalistes soient associés», a-t-il affirmé.
Me Katende rapporte que l’Asadho a reçu des plaintes écrites, dont celle du père d’Udjani, leader de l’insurrection ethnique du Mouvement de libération indépendant et alliés (MLIA), dans la province de l’Equateur.
«Il nous a écrit pour nous dire qu’on lui refuse d’accéder à l’amnistie, soi-disant que lui n’est pas concerné. Pour nous, c’est une preuve», a-t-il déclaré.
La loi sur l’amnistie votée lundi 3 février à l’Assemblée nationale va couvrir les faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques commis entre le 1er janvier 2006 et le 20 décembre 2013.
L’insurrection du MLIA, menée par Udjani, un des leaders de la communauté des Enyele, à Dongo, en territoire de Kungu, dans la province de l’Equateur, est survenu en 2009.
Selon la loi d’amnistie promulguée par le chef de l’Etat, Joseph Kabila, et l’arrêté ministériel y relatif, les candidats à l’amnistie pour faits insurrectionnels doivent signer un engagement personnel, par écrit, sur l’honneur, à ne plus commettre les actes qui font l’objet de l’amnistie.
Chaque candidat devra remplir un formulaire, avec une photo passeport, auprès d’un magistrat civil ou militaire et, à défaut, auprès d’un inspecteur de police judiciaire ou d’un chef d’établissement pénitentiaire.
En dehors du territoire national, les autorités publiques compétentes sont le chef de mission diplomatique et le consul général de la RDC, chargés de transmettre les dossiers des candidats au ministère de la justice, par le truchement du ministère des Affaires étrangères.
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