RDC: Julien Paluku invite Matata Ponyo à se concentrer sur la sécurité dans l’Est

Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu, interrogé par la presse à Goma (Photo Myriam Asmani)

Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a de nouveau condamné les tueries récurrentes dans le territoire de Beni. Dans un communiqué de presse publié dimanche 10 mai, il parle de près de 300 personnes massacrées depuis le mois d’octobre 2014. Des chiffres publiés également ce week-end par l’ONG Asadho /Beni dans son dernier rapport. Face donc à tous ces carnages, le gouverneur Paluku appelle le gouvernement Matata II à se concentrer désormais sur les aspects sécuritaires dans l’Est de la RDC, comme il le fait pour le secteur de l’économie.

«Il est utile que la Troïka de chaque lundi consacrée aux questions économiques du pays cède place à la Troïka sécuritaire, qui réunirait autour du chef du gouvernement, le vice-Premier ministre en charge de la sécurité et le ministre de la défense», a proposé Julien Paluku.

A ce sujet, le Gouvernement mettrait en place des mécanismes de mobilisation des moyens humains, matériels, intellectuels et financiers pour stopper le cycle de violences de la même manière qu’il a réussi à freiner l’inflation.

D’après Julien Paluku, depuis octobre 2014, la province du Nord-Kivu fait face à une escalade de violences, qui ont fait de centaines de victimes et affecté ainsi l’économie de la province.

Plus de 300 personnes ont été sauvagement tuées par les rebelles ougandais des ADF dans le territoire de Beni à la date d’aujourd’hui, sans compter les militaires des FARDC tombés au front. Ces tueries ont même atteint les casques bleus de la Monusco de la Brigade d’intervention, a-t-il déploré.

D’après toujours le gouverneur, à côté de cette recrudescence des violences, plusieurs informations font état d’incursions d’hommes armés sur le sol congolais et même de la création de nouveaux mouvements rebelles par les anciens membres du M23, libres de tous mouvements dans les pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.

Au regard de cette situation, selon Julien Paluku, il est plus que temps, pour le Gouvernement Matata II, de se concentrer sur les aspects sécuritaires, sans lesquels aucune projection économique pour le bonheur du peuple ne peut être envisagée.

Pour lui, se réunir hebdomadairement pour des questions sécuritaires du pays serait compatir avec la population qui est lassée des atrocités commises par les forces négatives dans la partie Est de la RDC.

Accalmie

Le député Justin Bitakwira a aussi interpelé la conscience des autorités du pays, les appelant à faire un effort considérable pour ne pas laisser libre court au sentiment de non appartenance à la RDC qui hante la population de la partie Est du pays.

«Pour tout celui vit à l’Est et tout celui qui vient de l’Est pour Kinshasa, on a l’impression que nous avons deux pays distincts. Et moi j’irai même plus loin que le gouverneur, à l’allure où vont les choses, je proposerais même qu’il y ait deux Premiers ministres dans ce pays, un Premier ministre chargé d’économie [et un autre] chargé de la sécurité du pays», a affirmé l’élu d’Uvira (Sud-Kivu).

Pour lui, c’est inimaginable ce qui se passe à Beni, à fizi et à Uvira, avec l’entrée massive des Burundais. «Où va le pays ? Nous ferons quelle économie sans sécurité dans ce pays ? », s’interroge le député Bitakwira.

«Ce n’est pas possible ! Quand nous voyons ce qui se fait à la télévision à Kinshasa, [à partir de l’Est de la RDC, on se pose] la question : ‘est-ce que nous nous sommes encore des citoyens à part entière de ce pays ici ?», a-t-il poursuivi.

Tous les efforts déployés par Radio Okapi pour joindre  les milieux proches du Premier ministre, à ce sujet, n’ ont pas abouti.

Par ailleurs, la situation sécuritaire a été relativement calme ce dimanche dans la ville de Beni, notamment au quartier Matembo, où des présumés rebelles ADF ont tué sept personnes dans la nuit de vendredi 8 mai. Le chef de ce quartier, Jacques Manuku, plaide pour le renforcement des patrouilles militaires pour protéger les civils.

La Monusco de son côté renforce des mesures sécuritaires à Mavivi où se trouve sa base ainsi qu’au centre-ville de Beni.

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