85 % du bois des scieurs artisanaux alimentent la RDC, selon l’ONG Cifor

Un camion rempli de bois dans le territoire de Mambasa en Province Orientale. Photo Cifor.

Quatre-vingt cinq pourcent du bois issus du sciage artisanal dans la capitale et dans différentes provinces du pays alimentent la République démocratique du Congo. Ce constat est contenu dans le dernier rapport du Centre de Recherche Forestière Internationale (Cifor) publié jeudi dernier à Kisangani sur le thème : “le marché domestique du sciage artisanal en République démocratique du Congo: état des lieux, opportunités, défis”. Guillaume Lescuyer, principal auteur du rapport, estime que cette activité est une solution pour la gestion durable des forêts.

Le rapport du Cifor présente le sciage artisanal comme une activité qui génère de revenus importants pour la population mme si elle est encore informelle et par conséquent, contribue peu aux recettes de l’Etat :

Les populations locales sont des bénéficiaires majeurs du sciage artisanal. Par la vente des arbres, les salaires, les profits en milieu rural et les paiements des cahiers des charges, elles captent autour de 50 millions de dollars américains par an”, indique le rapport du Cifor.

Le secteur offre au moins vingt cinq mille emplois directs et produit plus d’un million de mètres cubes de bois.

Malgré son ampleur, ce phénomène ne semble pas aujourd’hui remettre en cause l’intégrité de la forêt, estime Cifor. Le rapport de cette organisation révèle que les scieurs artisanaux exploitent plutôt les arbres de gros diamètres, ce qui indique qu’ils travaillent dans les zones où les arbres matures sont toujours abondants. S’agissant des essences des arbres, les scieurs artisanaux sont aussi très sélectifs, poursuit Guillaume Lescuyer. En général, ils n’abattent que cinq espèces, variant selon les zones de production, affirme-t-il.

Le scieurs artisanaux travaillent sur deux principaux bassins de production. Le premier se situe autour de Kinshasa, où aucun permis de coupe artisanale (PCA) n’est plus attribué légalement depuis quelques années, tandis qu’une seconde zone de production existe à l’est du pays, surtout en province Orientale, pour alimenter des villes du Nord-Kivu et l’exportation vers l’Afrique de l’est. Dans cette seconde zone, plusieurs dizaines de permis sont attribués aux scieurs artisanaux.

D’après les auteurs du rapport, les résultats de l’enquête contredisent « l’impression diffusée que l’exploitation artisanale du bois en RDC se résume à un détournement massif des PCA par des entreprises industrielles ». Cette impression serait due aux fraudes constatées essentiellement dans une seule province en RDC, celle du Bandundu.

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Guillaume Lescuyer a expliqué que le cifor a mené une etude, de plus d’un an, dans les marchés de bois de Kinshasa et ceux de Kisangani, aussi bien que les principaux points de passage des flux de bois aux entrées et aux sorties des villes de Kinshasa, Kisangani et six autres villes de l’Est de la RDC. En outre, les chercheurs ont visité vingt-deux territoires, dans lesquels ils ont interviewé près de cinq cents scieurs, sans compter les échanges avec une centaine de participants dans des ateliers de concertation.

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