Y aller ? Ne pas y aller ? La question a taraudé François Hollande tout l’été. Il y avait de bonnes raisons de boycotter le 14e Sommet de la Francophonie qui s’ouvre ce vendredi en RDC: l’hôte, Joseph Kabila, est un président autoritaire, réélu en 2011 dans des conditions douteuses, qui multiplie les atteintes aux droits de l’Homme.
L’Elysée avait aussi sous la main d’autres options : envoyer à Kinshasa le ministre des Affaires étrangères plutôt que le président, reporter ou même délocaliser le sommet. D’autant qu’il y avait déjà eu des précédents : c’est cette dernière solution qui avait été retenue en 1991, lorsque la conférence prévue dans le Zaïre (ex-RDC) de Mobutu – déjà à l’époque ! – avait été rapatriée à Paris, puis en 2010, où l’on avait préféré Montreux à Madagascar.
Cette fois, les convives ont réagi en ordre dispersé. Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a trouvé une excuse pour décliner l’invitation avec la tenue d’élections communales le jour-même du sommet. Le Canadien Stephen Harper a, en revanche, fait le choix d’y aller. Nicolas Sarkozy penchait, lui, pour la chaise vide. Son successeur en a finalement décidé autrement.
Deux versionsDans la version officielle, ce sont Yamina Benguigui, sa ministre de la Francophonie envoyée en éclaireur à Kinshasa, puis Souhayr Belhassen, la présidente de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), qui l’ont convaincu. Leur argument ? Il se rendra plus utile en exprimant sur place son soutien aux opposants et à la société civile qu’en restant à Paris. “J’y rencontrerai l’opposition politique, les militants associatifs, la société civile. C’est le sens de la nouvelle politique africaine de la France : tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait”, s’est-il ensuite justifié.
Officieusement, tout se serait joué dans un bras de fer entre Hollande, conditionnant sa venue à des réformes démocratiques, et Kabila, menaçant d’annuler le sommet et de sortir le plus grand Etat francophone d’Afrique de l’Organisation internationale de la francophonie. Une partie que Kabila a manifestement gagnée, même si le sommet risque d’être houleux.
Trois jours avant de monter dans l’avion, François Hollande remettait un coup de pression, jugeant “la situation dans ce pays tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l’opposition”. La riposte qui a aussitôt fusé du camp congolais en dit long sur l’état d’esprit à Kinshasa : “Nous sommes le pays le plus avancé dans les droits de l’opposition”, a assuré le porte-parole du gouvernement, suggérant à François Hollande de “compléter son information”.
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