Kinshasa : le CPRK ou un mouroir, les activistes des DH lancent un cri d’alarme

Des activistes des droits de l’homme dénoncent les conditions de détention au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, CPRK, ex-prison centrale de Makala. Selon l’avocat des prévenus, Peter Ngoma le CPRK est devenu un mouroir. Construit pour accueillir 1 500 prisonniers, le centre héberge à ce jour 5 042 détenus dans des conditions inhumaines, sans repas consistant ni soins médicaux. Certains détenus le sont en toute illégalité, rapporte radiookapi.net

« Ici, c’est l’enfer. On nous torture en silence, on a presque pas de nourriture. La nourriture que nous recevons irrégulièrement s’appelle « Vous gurez », c’est-à-dire « Vous mourrez ». Il s’agit d’un mélange fait de haricots et de maïs, sans huile. C’est un repas qu’on peut donner au chien » C’est un S.O.S que lance un groupe de pensionnaires du CPRK par le biais de leur avocat. Parmi ces détenus, certains ont déjà passé 5 ans en prison. Leurs juges viennent de leur signifier qu’ils ne savent pas pourquoi ils ont été arrêtés. Nous sommes à côté d’une petite chambre dénommée cellule 12. Elle mesure à peu près un mètre carré. Les prisonniers couchent à même le sol. De là, nous jetons un regard sur les pavillons 4 à 7. C’est encore pire. Les prisonniers se lancent des injures. Moribonds, malnutris, forcés à la mendicité, ils racolent les visiteurs sans relâche. Un avocat, Me Peter Ngoma, demande au pouvoir de vérifier leurs dossiers : « Dans ces conditions-là où les gens dorment pratiquement étouffés, comment ne pas avoir des maladies ? Nous demandons par exemple au ministre de la Justice de constituer une commission d’enquête. Qu’on vienne un peu vérifier le dossier de chacun, parce qu’il y a des gens ici à la prison qui n’ont pas de dossier. Voyez les cas qui viennent de se passer à peine. Il y a des gens qui ont passé 5 ans de prison pour rien. Il y a des gens qui n’ont jamais été condamnés, il y a beaucoup d’irrégularités comme ça. »

directeur adjoint CPRK : un aveu d’impuissancernPour Pius Mambalunga Ntondo, directeur adjoint de cette prison, il appartient au gouvernement d’entretenir son patrimoine et de payer les fournisseurs pour approvisionner le CPRK en nourriture et autres produits d’entretien : « … Ma préoccupation principale, c’est la libération des prisonniers » S’agissant de la taxe hebdomadaire de 3 000 Fc par personne, le directeur adjoint renvoie au rapport de l’interprète qui a tout recueilli sommairement : : « Il y a présentement un retard de 5, 6 mois, l’inspection doit payer. Ils ont interrompu… Leur entretien alimentaire vient du ministère de la justice, à partir des instances judiciaires là-bas. Quand les fournisseurs eux-mêmes ne sont pas payés, c’est difficile, il faut attendre le gouvernement pour qu’il nous livre des produits, pour les entretenir

Réaction du ministre de la JusticernA toutes ces préoccupations, le ministre de la Justice répond que tous les magistrats seront notifiés sur la libération des personnes qui purgent leur détention qui n’est pas régulière. Quant aux mauvaises conditions de détention et au manque de nourriture pour les détenus, Bambi Luzolo affirme y veiller. Cependant, il précise qu’il n’y a pas rupture de stocks en nourriture à la prison centrale de Makala. « <emIl n’y a pas de rupture de stocks depuis six mois. Mais il y aura probablement rupture de stocks, nous avons pris des dispositions. Il ne faut pas confondre le fait que les détenus ne mangent pas comme ils le souhaitent, mais ils mangent. Il est probablement souhaitable de dire qu’ils ne mangent pas comme on aurait souhaité qu’ils mangent. C’est un problème à corriger, nous y veillons. S’agissant des détenus qui ne sont pas en détention régulière, dans les jours qui viennent, nous notifierons à tous les magistrats, que les personnes qui purgent leur peine et dont la détention n’est pas régularisée, nous ordonnerons aux chefs d’établissement de les mettre en liberté. S’agissant des conditions de détention, la préoccupation, elle est nationale, les programmes rapides seront mis en place, de manière que la prison soit un cadre pour amender les détenus, les rééduquer et leur apprendre le travail d’intérêt général.»