Lubumbashi : incident de l’assemblée provinciale, Célestin Mbuyu joue à l’apaisement après la fermeture du siège

Quelques éléments de la police déployés vendredi devant le bâtiment du 30 juin, siège de l'assemblée provinciale du Katanga

Quelques éléments de la police déployés vendredi devant le bâtiment du 30 juin, siège de l'assemblée provinciale du Katanga

Députés provinciaux et gouverneur du Katanga se sont retrouvés vendredi dernier à Lubumbashi autour du ministre de l’Intérieur après l’incident qui s’est produit jeudi à l’assemblée provinciale à la suite d’une pétition contre le questeur du bureau de cette institution. Célestin Mbuyu qui était en mission de travail dans la capitale du cuivre à ce sujet a tenté d’apaiser les esprits après avoir écouté les uns et les autres, rapporte radiookapi.net

« Tout s’est bien passé. Il s’est agi tout simplement d’une incompréhension entre les députés et leur président », a déclaré le ministre national de l’Intérieur et de la Sécurité à l’issue de cette réunion. Célestin Mbuyu a néanmoins reconnu que les députés pétitionnaires ont été agressés par « des personnes que nous qualifions de fanatiques ». Il a également condamné la passivité «coupable »des éléments de la police qui étaient commis à la garde bu bâtiment du 30 Juin lors des troubles de jeudi dernier. Toutefois, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité a invité les députés au respect des textes légaux, et le président de l’assemblée provinciale à écouter les députés. Concernant les agresseurs de quatre députés provinciaux, il a indiqué que les investigations allaient se poursuivre.

Par ailleurs, dans un communiqué publié le même vendredi, les ONG membres de la société civile du Katanga demandent pour leur part au gouvernement central de maintenir la suspension des travaux à l’assemblée provinciale jusqu’à « sanctionner à terme, sans complaisance, ceux qui se sont compromis dans cette affaire. » Pour la société civile katangaise, il faut aller plus loin car les incidents à l’assemblée provinciale mettent en péril la démocratie.

« Le gouvernement est amorphe »rn rnPour sa part, le député national Jean de la croix Mwenze Mutombo, membre du PPRD, estime que ce qui s’est passé à l’assemblée provinciale du Katanga jeudi dernier est l’œuvre d’une milice à la solde d’un homme qu’il n’a pas cité. « Le gouvernement central doit frapper dur, il y a des lois. Dans la Constitution, l’article 190 interdit à quiconque d’avoir une milice privée », a déclaré à partir de Kinshasa le député Mwenze, rappelant que dans un passé récent, un ministre du gouvernement central « a été mis mal à l’aise dans la province du Katanga parce qu’il y avait des milices d’un monsieur qui se croit être le père du Katanga, qui doit faire n’importe quoi, et on le laisse faire. » « Le gouvernement central est amorphe », a conclu le député PPRD Mwenze Mutombo. Pour cet élu de Kamina, dans cette histoire, le gouvernement devrait être impartiale et agir. Il devrait sanctionner autant qu’il l’avait fait pour le Bundu dia Kongo dans le Bas-Congo et pour les milices de Dongo à l’Equateur. « On ne peut pas laisser passer le dossier du Katanga, sinon on risque de mettre la République en ébullition », a-t-il insisté.

Mende réplique: « Il appartient à la justice de faire son travail »

Le ministre de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement, a réagi aux propos du député Mwenze Mutombo. Il s’est exprimé dans ces termes : « On ne peut pas comparer ce qui s’est passé au Bas Congo, ce qui vient de se passer à l’Equateur à cette bagarre au siège de l’assemblée provinciale du Katanga. C’est vraiment exagéré de la part de l’auteur de ces propos. D’une part nous avons eu des centaines de morts, et d’autre part, peut-être deux ou trois blessés. Donc, il y a un problème de proportion chez l’auteur de ces propos. Deuxième chose, c’est que le gouvernement n’a pas cette charge, constitutionnellement comme il le dit, de frapper. Il appartient à la justice de faire son travail. Nous sommes quand même un Etat de droit, où le gouvernement n’a pas la charge ou même la prétention de faire le ménage à la place d’autres institutions. Donc, un élu devrait savoir cela, et se garder de mettre de l’huile sur le feu. S’agissant de milices, nous ne sommes pas au courant qu’il y ait une milice. Nous savons qu’il y a vie politique qui fonctionne. Si quelqu’un utilise un parti politique pour commettre des infractions à la loi, la justice est là pour faire son travail. Pourquoi ce serait le gouvernement qui jugerait ? Il n’ya que la justice qui peut déclarer quelqu’un coupable ou non. »

Pour rappel, jeudi dernier, quatre députés provinciaux ont été passés à tabac par un groupe de jeunes qui assistaient à la plénière du jour, après avoir décidé de claquer la porte de l’assemblée provinciale pour protester contre la manière de diriger la police des débats du président des céans, Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Les bourreaux de quatre députés avaient estimé que ces derniers avaient commis un acte d’outrage à l’égard de leur président [Kyungu wa Kumwanza]. En réaction à cet incident, le gouvernement central, par son ministre de l’Intérieur, a fermé le siège de l’assemblée provinciale du Katanga pour permettre à la justice de mener ses enquêtes sur le dossier.