Claudine Kiabu, une jeune dame âgée d’une trentaine d’années, exerce le métier de peintre depuis quelques mois. Cette diplômée de licence en administration des affaires a vu son parcours professionnel basculé du tout au tout en 2014. Cette «femme d’aujourd’hui» a accepté de partager son expérience.
«L’idée de m’engager dans la peinture m’est venue quand mon poste a été aboli. Je travaillais comme assistante de bureau pour la Mission de l’Organisation des Nations unies en RDC. Avec la reconfiguration de la Mission initiée l’année dernière, j’ai perdu mon travail et je devais bien me relancer dans autre chose», explique Claudine souriante, tenant de deux mains son rouleau de peinture dans les couloirs de la même organisation où son poste d’assistante de bureau a été aboli.
«C’est rare que les femmes fassent ce travail parce qu’elles ne veulent pas se donner. Certaines pensent que peindre est un travail des hommes. Mais moi je pense le contraire», affirme-t-elle avec conviction.
Pas de complexe donc pour cette jeune dame qui estime que sa survie et celle de sa famille passe par son apport au revenu de son foyer. Claudine n’a donc pas hésité à faire une nouvelle formation pour assurer sa reconversion professionnelle.
«J’aime ce que je fais. Avant j’étais dans un bureau, à présent c’est dans les chantiers que je travaille. Je crois que travailler au bureau ou dans un chantier valorise la femme de la même manière», déclare-t-elle toute fière.
Claudine Kiabu ne peint pas que pour la Monusco. Elle arrondit ses fins de mois en offrant ses services à des proches et des personnes curieuses de voir une femme s’engager dans ce créneau.
«J’ai appris à aimer la peinture. C’est maintenant une passion pour moi. Quand je fabrique la peinture, je vois l’œuvre de mes mains, ça me fait plaisir. Même si je trouve une opportunité d’emploi dans mon premier domaine de formation, je continuerai à peindre parallèlement. Il faut avoir beaucoup d’intelligence pour faire le mélange et le dosage de la peinture. Et arriver à faire apprécier ses réalisations par ceux qui observent», dit-elle entre deux coups de rouleau.
Obligée parfois à grimper sur des hauteurs pour peindre, Claudine Kiabu soutient que ce travail ne l’épuise pas physiquement outre-mesure.
«Bien au contraire, ça me permet d’être en forme parce que ça tient lieu d’exercice physique», assure-t-elle.
«Je trouve très intéressant qu’une femme fasse un travail étiqueté ‘pour homme’ parce qu’elle aura une forte clientèle. Certaines personnes solliciteront ses services par curiosité. Quand on me regarde parfois certains voient plus ma douceur et se disent que je suis faible mais lorsqu’on me voit à l’œuvre on me trouve plus efficace que certains hommes», résume-t-elle.