La CPI surveille avec une « extrême vigilance » la situation aux Kasaï

La Cour pénale internationale (CPI) surveille avec une « extrême vigilance » la situation aux Kasaï où de nombreux témoignages font état de « violences entre des milices locales et les forces congolaises, du meurtre de nombreuses personnes, civiles et non civiles, d’enlèvements et d’exécutions sommaires de personnes, y compris d’experts des Nations Unies en mission et de leurs accompagnateurs ».

Fatou Bensouda, la procureure de la CPI s’est dite, vendredi 31 mars, profondément préoccupée par les nombreux rapports faisant état d’une situation de violences graves depuis plusieurs mois dans les provinces des Kasaï. Elle a appelé toutes les parties potentiellement impliquées à s’abstenir de recourir à la violence.  

« Je n’hésiterai pas à agir si des actes constitutifs de crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis et à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour poursuivre en justice les personnes responsables en conformité avec le principe de complémentarité », menace Mme Bensouda qui invite les autorités congolaises « à prendre les dispositions idoines afin de prévenir la commission ultérieure de tels actes ». 

Le Bureau du Procureur de la CPI mène des examens préliminaires, des enquêtes et des poursuites à propos du crime de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. Son action est complémentaire à celle des juridictions nationales.  

Fosses communes 

Une opération de traque des miliciens menée par forces de l’ordre depuis le début de semaine dans la ville de Kananga, chef-lieu de la province du Kasai-Central, donne lieu à des bavures, selon des témoins qui évoquent des cas d’extorsion de biens, de violence et d’exécutions sommaires des civils par les forces de l’ordre. Ce que nient les autorités civiles et militaires de la région. 

Vendredi, José Maria Aranaz, le chef du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré à Radio Okapi que les fosses communes découvertes par ses services dans les provinces des Kasaï sont passées de sept à vingt-trois. 

«La situation est très préoccupante. Il faut faire la lumière. Il faut traduire en justice les responsables de cette tuerie qui s’est passée et qui continue à se passer. Nous sommes préoccupés par le niveau des chiffres», s’est alarmé M. Aranaz.  

A la suite de l’assassinat du chef Kamuina Nsapu tué en août 2016 par les forces de l’ordre, un conflit de pouvoir coutumier lié à ce personnage a donné lieu à la création de plusieurs milices locales se réclamant tous du chef tué.  

Deux experts de l’ONU, l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaidan Catalan, ont été retrouvés morts deux semaines après leur enlèvement au Kasaï-Central alors qu’ils partaient enquêter sur la situation au Kasaï. Trois de quatre de leurs accompagnateurs sont toujours portés disparus, alors que le corps d’un autre a été retrouvé en même temps que les leurs.

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