Fin du régime Mobutu: «On s’y attendait un peu mais on ne savait pas quand»

En mai 1997, Chantal Kanyimbo est journaliste à la télévision publique congolaise. Rédactrice en chef adjointe et présentatrice du journal et de l’émission « Deux sons de cloche », c’est pourtant par la presse internationale qu’elle apprend le départ du président Mobutu du pouvoir le 16 mai 1997.

Un départ qui n’est pas vraiment une surprise vu l’avancée des troupes rebelles à travers le pays.

« La situation telle qu’elle était avec l’avancée des troupes de l’AFDL qui prenaient les villes au fur et à mesure, on s’attendait un peu à cela mais on ne savait pas quand ça devait se passer. C’est en apprenant le départ du Maréchal Mobutu qu’on a tous compris que quelque chose allait se passer dans les heures qui arrivaient », relate la journaliste qui deviendra des années plus tard rapporteur du conseil supérieur de l’audio-visuel congolais.

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Au lendemain du départ du président Mobutu de la ville de Kinshasa, les troupes de l’AFDL entrent dans la ville.

Chantal Kanyimbo comme d’autres journalistes de l’OZRT attendent « un ou deux jours » avant de se rendre à la rédaction.

« On avait peur des combats. Et comme on a vu qu’il n’y avait pas de combats, nous sommes allés à la rédaction », affirme-t-elle.

Le nouveau patron de la radiotélévision publique, José Kajangwa, leur annonce les changements décidés par les nouveaux dirigeants du pays.

« Moi, par exemple, on m’annonce que mon émission ‘’Deux sons de cloche’’, c’est terminé. Il n’y a plus de débat », se souvient Chantal Kanyimbo.

« Deux sons de cloche » est l’émission politique phare de la télévision publique en ce moment-là. Elle bat des records d’audience notamment grâce au professionnalisme de la présentatrice qui fait preuve d’une rare impartialité dans la conduite des débats entre… deux sons de cloche, celui d’un représentant du pouvoir et de l’opposition au maréchal Mobutu.

Les journalistes de la radiotélévision publique sont conviés par les nouveaux maitres de la RDC à participer à des « formations idéologiques ».

« Pendant deux ou trois jours, on était obligé de suivre les formations idéologiques. Et puis, les nouvelles autorités se sont installées. Les anciens responsables à partir du sous-directeur jusqu’aux directeurs, on les a tous congédiés. Les nouveaux se sont installés », fait savoir Chantal Kanyimbo.

Appelée OZRT (Office zaïrois de radiodiffusion et télévision) sous le régime Mobutu, la radiotélévision publique congolaise est devenue RTNC (radiotélévision nationale congolaise) après le renversement du régime Mobutu.

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